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témoigné une certaine impatience du retard apporté par le ministère à la présentation de son projet de budget rectificatif de 1888. On avait hâte de voir se produire les 70 millions d’économies annoncées avec emphase, et comme rien ne venait, on s’est livré au jeu facile des conjectures. Le ministère devait manifestement préparer de grands projets, par exemple un emprunt de liquidation, puis une opération comme la conversion de l’ancien 4 1/2. Pendant que l’on fabriquait des hypothèses, il n’en coûtait rien d’aller jusqu’à celle d’une conversion facultative du 4 1/2 nouveau.

Tous ces projets seront démentis demain, ou du moins il n’en restera sans doute qu’un projet relatif au 4 1/2 ancien. Ce qui n’aura pas empêché les conjectures de venir à point pour servir les intérêts des banquiers qui pouvaient désirer, pour le 30 juin, l’abandon général des primes. Les fonds étrangers ont à peu près réglé leur allure sur celle de nos rentes. L’Italien a repris un moment le cours de 100 fr., mais pour être bientôt ramené à 99.95. Le Hongrois se tient un peu au-dessous de 83, l’Extérieure n’a pu conserver le prix de 68. Les Consolidés ont très légèrement faibli à 101 7/16. Les mêmes raisons d’ordre financier qui pesaient sur notre place ont agi sur les autres. L’argent est partout devenu un peu plus cher. Les considérations se rattachant à la question de la convention anglo-turque n’ont eu que peu d’influence sur les cours. Toutefois, à Berlin et à Vienne, il s’est produit des ventes sur l’annonce de notes plus ou moins comminatoires adressées par la Russie et la France à la Porte pour détourner le sultan de ratifier la convention.

Le 3 pour 100 portugais est en grande hausse. Le parlementa Lisbonne a autorisé le gouvernement à proposer, quand il le jugera utile, aux détenteurs des rentes portugaises 3 pour 100, tant intérieures qu’extérieures, une conversion facultative de leurs titres, consistant en un échange contre des obligations 4, 4 1/2 on 5 pour 100, remboursables dans un délai maximum de soixante-quinze ans. La fixation des conditions de l’échange est laissée à l’appréciation du gouvernement.

La conclusion de l’affaire relative à la constitution d’un monopole de régie des tabacs en Espagne a contribué au maintien de la fermeté sur l’Extérieure. Cette affaire n’intéresse pas notre marché, qui, provisoirement au moins, n’y aura aucune part. Les participans n’ont, dit-on, en vue aucune émission publique.

Les valeurs turques ont faibli, se ressentant de l’incertitude qui plane sur le sort de la convention anglo-turque. Le 4 pour 100 consolidé a été ramené de 15 à 14.50, et la Banque ottomane de 512 à 507. L’assemblée générale des actionnaires de cette société s’est tenue hier à Londres et a décidé la répartition d’un dividende de 12 fr. 50 par titre, soit 5 pour 100 du capital versé aux 500,000 actions.