Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 82.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
revue des deux mondes.


L’étude des eaux dans leurs parcours et leurs effets aux époques anciennes vient donc compléter l’histoire et agrandir considérablement le tableau de leurs œuvres souterraines. Là se produit un véritable échange de lumière : le passé éclaire autant le présent que le présent éclaire le passé.

Rien, du reste, ne prouve que les phénomènes de cette nature ne persévèrent pas de nos jours. Il est à croire que présentement des actions semblables se produisent encore, mais dans des régions intérieures inaccessibles à nos observations. L’eau surchauffée, qui trahit son existence par des sources thermales et des exhalaisons volcaniques, engendre, selon tome apparence, lentement et silencieusement, dans l’intérieur du globe, des effets considérables et permanens et donne naissance, comme autrefois, à des minéraux variés.

De même que, dans notre organisme, toutes les parties du corps doivent leur développement aux apports qu’elles reçoivent de la circulation du sang, dans l’écorce du globe terrestre, l’eau, par son incessante circulation souterraine et par un travail surtout chimique, accomplit une sorte d’action vitale qui s’est perpétuée à travers les âges. Ne peut-on pas appliquer justement à ces effets minéralogiques et géologiques, si dignes de notre curiosité et dérivant d’une cause unique, l’épigraphe choisie par Leibniz : In varietate unitas?

Daubrée.