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peine, nécessairement ordonnée par rapport à la direction de l’écoulement. Les déformations des fossiles et les étiremens des bélemnites ont été aussi reproduits et expliqués par des expériences.

Voyons maintenant comment les faits fondamentaux du métamorphisme impliquent l’action nécessaire des eaux souterraines.

Les modifications minéralogiques propres au phénomène ont incontestablement eu lieu à une température plus élevée que celle qui règne maintenant à la surface du globe. On peut le conclure du seul fait des analogies de ces terrains avec les roches éruptives et notamment de la présence de nombreux silicates anhydres qui forment un de leurs traits les plus remarquables.

La chaleur propre du globe décroissant des profondeurs vers la surface, les sédimens déposés dans l’océan, à la température relativement basse qui y règne généralement, ont dû, quand ils ont été recouverts ensuite par d’autres couches, acquérir une température plus élevée, à raison de leur plus grande distance de la surface de rayonnement. La superposition de remblais puissans, comme le sont certains terrains stratifiés, a pu souvent suffire pour déterminer, postérieurement à leur dépôt, le réchauffement notable des masses inférieures, surtout aux époques où l’accroissement de la chaleur selon la verticale suivait une loi beaucoup plus rapide qu’aujourd’hui. Ainsi, la propagation régulière de la chaleur du globe a pu agir sur des terrains entiers.

Toutefois il est une autre source de chaleur, à la fois plus immédiate et plus énergique, des transformations qui nous occupent, bien qu’elle ait été longtemps méconnue. C’est la chaleur engendrée par les actions mécaniques qui ont marqué leurs traces en une foule de parties de l’écorce terrestre. En effet, au lieu d’avoir conservé l’horizontalité qu’elles présentaient à l’époque de leur dépôt, ces couches ont souvent été redressées, ployées et contournées de diverses manières, comme nous venons de le voir ; ces dislocations s’observent sur des épaisseurs énormes, atteignant plusieurs milliers de mètres. A. chaque pas, dans les Alpes, par exemple, en face des escarpemens où la roche se montre au vif, l’œil le moins observateur est rendu attentif par la hardiesse des inflexions, et l’esprit reste stupéfait devant la grandeur des forces qui ont produit de tels effets. Tout le travail mis en jeu dans ces poussées colossales n’a pas été employé en actions purement mécaniques. Il a été, en partie, transformé en chaleur ; c’est cette chaleur même dont nous venons d’étudier les effets.

L’expérience est venue aussi confirmer cette dernière induction. De l’argile a été forcée de s’écouler, soit entre des cylindres semblables à ceux des laminoirs à fer, soit sous la trituration de tonneaux