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les eaux souterraines.

Comme contre-partie des phénomènes de dissolution, les eaux produisent des dépôts intéressans à plus d’un titre. En revenant au jour, les sources thermales et gazeuses rencontrent des conditions de pression et de température différentes de celles qui régnaient dans les profondeurs ; par suite, elles subissent des réactions auxquelles contribue quelquefois l’oxygène de l’atmosphère. C’est principalement à la surface du sol qu’on peut observer ces dépôts.

La chaux, si abondante à l’état de carbonate, se dissout toujours, au moins en petite quantité, comme dans l’eau de la Vanne, qui en contient 19 centigrammes par litre. A la faveur de l’acide carbonique, la dose peut être beaucoup plus forte ; les circonstances qui provoquent le dégagement du gaz déterminent en même temps la précipitation du sel calcaire ; c’est pourquoi les eaux carbonatées calciques donnent lieu à des dépôts souvent importans. L’attention des anciens avait été frappée par les stalactites des cavernes et par les fontaines pétrifiantes, qui recouvrent d’un précipité pierreux les végétaux et autres corps immergés dans leurs bassins. L’industrie en profite et obtient des bas-reliefs et des simulacres de pétrifications d’un moulage très délicat. A Hammam-Meskoutin, en Algérie, il se produit des cascades pétrifiées et des cônes abrupts dont l’aspect bizarre a donné naissance à de curieuses légendes. Dans bien des localités, le dépôt a pris un développement assez considérable pour constituer une véritable roche : qui ne connaît le calcaire dit travertin, ou pierre de Tivoli, si utile jadis pour la construction de Rome ?

Bien que réputée insoluble dans l’eau, la silice s’y associe cependant à l’aide d’intermédiaires, et ses combinaisons sont même l’élément prédominant de certaines sources, comme celles de Plombières, de Bagnères-de-Luchon, d’Ax, de Saint-Sauveur, d’Amélie-les-Bains. Quelquefois ce corps abonde assez pour que, arrivant au contact de l’air, il s’isole à l’état d’opale ; les bassins de beaucoup de geysers en sont tapissés.

Le minerai de fer, ou limonite, se forme journellement aussi en quantité telle qu’on peut l’exploiter. Selon les conditions où il s’est déposé, il est connu sous les noms de minerai des marais, minerai des prairies ou minerai des lacs. Le plus souvent, comme dans les plaines du nord de l’Allemagne, il est enfoui à une faible profondeur, constituant des couches à peu près continues et peu épaisses. Son origine moderne est démontrée par la présence de produits de l’industrie humaine, tels que fragmens de poterie et outils rencontrés dans des blocs massifs ; d’ailleurs, il se renouvelle quelquefois dans des points récemment exploités. Plus d’un millier de lacs de la Suède, de la Norvège et de la Finlande fournissent ce minerai en petits glo-