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invitent à la villégiature. Elles ont décidé de la sorte la création de Saint-Germain-en-Laye, des charmans villages de Ville-d’Avray, Meudon, Bellevue, Louveciennes, Montmorency, Brunoy, Chevreuse et de plusieurs châteaux en renom.

Rien ne prouve avec plus d’évidence la force attractive des eaux souterraines que ces assemblages de cultures et d’habitations clairsemées au milieu dii désert, auxquelles, en Égypte d’abord, on a donné le nom d’oasis. Strabon compare le Sahara à une peau de panthère, dont le fond est le désert et dont les taches noires correspondent à la sombre verdure des oasis. Celles-ci sont pressées par groupes, comme en archipels, dans une zone comprise : entre les 36e et 27e degrés de latitude ; l’Algérie en possède plus de trois cents. Certaines régions à pluies, telles que l’Atlas, leur envoient de l’eau par des routes souterraines : cette eau arrive à travers des lits sableux, contenue entre des couches imperméables d’argile, et soustraite ainsi à l’évaporation. Quelquefois la nappe restant à une faible profondeur, on l’utilise en creusant des cavités où les racines des palmiers vont la chercher. Sur beaucoup de points, au contraire, grâce à la pression hydrostatique qui la pousse, elle se fraie un passage jusqu’à la surface du sol, et produit de véritables sources, sortes de puits artésiens naturels. Ces apparitions d’eau, au milieu de steppes arides et désertes, constituent des centres autour desquels la vie s’est développée, sous des palmiers et des arbres fruitiers, à l’abri du soleil et du simoun. Dès une époque très reculée, les indigènes eurent l’idée d’imiter la nature en ouvrant des issues à la nappe intérieure ; mais le travail périlleux du creusement ne trouvait plus d’ouvriers, et beaucoup d’anciens puits étaient obstrués. Faute d’eau, des villages se dépeuplaient, des oasis se rétrécissaient, et, peu à peu, le désert reprenait possession du sol que l’homme lui avait péniblement disputé. A la suite de l’occupation française, un premier coup de sonde fut donné à Tamerna, au commencement de mai 1856, et, le 19 juin, une forte gerbe, plus volumineuse encore que celle du puits de Grenelle, s’élançait de l’intérieur de la terre. La joie des indigènes fut immense ; la nouvelle se répandit dans le sud avec une surprenante rapidité, et l’on vint de très loin contempler l’apparition de cette source artificielle. Bénie dans une solennité par un marabout, elle reçut le nom de fontaine de la Paix. Dès lors se succédèrent de nombreux sondages, qui firent reconnaître, sous les bas fonds de l’Oued-Rir, une sorte de rivière sous terre d’une longueur de 130 kilomètres. Aujourd’hui, cent dix-sept forages, joints aux cinq cents puits indigènes, font jaillir, d’une profondeur moyenne de 70 mètres, un volume d’eau sensiblement égal au débit de la Seine, à Paris, dans son plus faible débit. Des cultures ont été créées, la population indigène a doublé et la valeur des oasis