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main pour charger aussi de sa personne, et qu’il fallut lui faire violence pour le retenir. Les carabiniers suivaient ; Maurice lui-même à leur tête. C’était avec eux qu’il avait fait ses premières armes. » — « L’ancienne amitié qu’ils avaient pour moi (c’est encore lui qui parle) dut beaucoup contribuer au fameux coup de collier qu’ils donnèrent. De gauche accourait en même temps le comte de Lowendal, rappelé sur le champ de bataille avec sa brigade de cuirassiers et conduisant les régimens qui s’étaient les premiers ralliés (Irlandais, Royal-Vaisseaux et Normandie) ; à droite, c’était le duc de Biron qui s’était chargé de ramener tout ce qui avait défendu le matin Fontenoy et Anthoin, en ayant soin pourtant de ne pas dégarnir cette dernière position, toujours menacée par la présence des Hollandais[1]. »

Le cercle ainsi rapidement formé, on vint placer au milieu les quatre canons, dont l’effet espéré répondit à l’attente. Leurs décharges, plusieurs fois répétées, atteignirent la colonne sur sa ligne centrale, et, frappant l’axe qui servait de point d’appui à ses deux ailes, la disloquèrent visiblement. Ce fut alors seulement que la mêlée devint générale et que tout le monde y prit part à la fois : cavaliers, fantassins, officiers, soldats, jusqu’aux gens de suite et aux valets d’armée ; et, dans cette bagarre, il n’y eut qu’un seul instant de confusion : ce fut la brigade irlandaise qui fut prise un instant pour une troupe anglaise, en raison de la langue qu’on y entendait parler, et qui allait être chargée et fusillée avec la colonne, si elle n’eût crié à temps : « Vive France ! »

« Le maréchal de Saxe, dit d’Espagnac, avait commandé que la cavalerie touchât les Anglais avec le poitrail des chevaux ; il fut bien obéi : les officiers de la Chambre chargeaient pêle-mêle avec la garde et les mousquetaires ; les pages du roi y étaient l’arme à la main. Il y eut une si exacte égalité de temps et de courage, un ressentiment si unanime des échecs qu’on avait reçus, un concert si parfait, la cavalerie le sabre à la main, l’infanterie la baïonnette au bout du fusil, que la colonne fut foudroyée. » — Mais forcés de lâcher pied à pied le terrain où ils se sentaient débordés, les valeureux fantassins anglais ne laissèrent voir ni sur leur visage ni dans leur attitude aucun signe d’abattement ou d’effroi. La physionomie des combattans présenta alors un contraste singulièrement expressif : ici, c’était la fougue et la flamme ; là, une fermeté fière et vraiment

  1. Un instant, le village d’Anthoin se trouva presque vide de troupes, les ordres de Maurice ayant été mal compris ou trop absolus ; les Hollandais, qui s’aperçurent de cette faute, allaient se remettre en campagne : Biron prit sur lui de faire rester un des corps de troupes qu’il devait emmener. Maurice l’approuva ensuite d’avoir contrevenu ou plutôt suppléé à ses ordres.