Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 81.djvu/667

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un certain nombre d’aides-majors, des infirmiers, et au moment du combat, des brancardiers régimentaires ; chef médical du régiment, il doit, dans les marches, le bivouac, l’organisation des secours de première ligne, mettre en œuvre une expérience militaire spéciale. En temps de guerre, il ne soigne plus ses malades dans les hôpitaux régimentaires ; la mobilité même du régiment auquel il est attaché l’oblige à les envoyer dans les hôpitaux de campagne. En cas de bataille, s’il concourt puissamment aux soins immédiats à donner aux blessés, ce concours n’est que momentané, puisque ses blessés, il ne tarde pas à les abandonner aux soins des ambulances et des hôpitaux temporaires. Il est donc évident que le médecin-major attaché à un régiment a besoin de connaissances spéciales et surtout d’une expérience pratique que peut difficilement posséder un médecin civil n’ayant fait dans l’armée que des séjours temporaires et de peu de durée. Donc, le médecin-major de la réserve est moins apte que celui de la carrière à remplir les fonctions de ce grade dans un corps de troupe.

Les choses sont différentes s’il s’agit des ambulances ou des hôpitaux. Si l’hôpital est important, le médecin-major n’y figure qu’à titre de médecin traitant, car la direction de l’hôpital appartiendra à l’un des cent médecins principaux que comporte le cadre régulier de la médecine militaire en temps de paix. Dans ce cas, la valeur médicale du médecin-major l’emporte en importance sur toutes les autres conditions. Si l’hôpital n’est que d’importance secondaire, le médecin-major peut en avoir la direction ; mais il sera en même temps médecin traitant, et, par conséquent, fera acte de médecin plus encore que d’administrateur. En effet, la direction d’un petit hôpital, tel qu’un hôpital d’étapes, par exemple, est assez simple, et un médecin civil peut assez facilement avoir acquis, par les stages suffisans en temps de paix, les connaissances spéciales militaires que comportent ces fonctions. La guerre de 1870 a montré que des médecins civils, antérieurement, il est vrai, chirurgiens des hôpitaux, pouvaient, même sans apprentissage militaire, devenir rapidement d’excellens chefs d’ambulance. Ainsi donc, jusqu’au grade de chirurgien-major inclusivement, exception faite pour le service régimentaire, les aptitudes médicales priment les aptitudes militaires. Il n’y a donc aucune raison pour refuser à un médecin civil, antérieurement médecin en chef d’un service d’hôpital (qu’il soit ou non nommé par concours), la possibilité d’arriver au grade de chirurgien-major, à la condition de prouver, par des examens spéciaux, qu’il a acquis, par un stage suffisant, les connaissances militaires que comporte ce grade.

Nous allons voir, au contraire, qu’il est des situations dans