Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 81.djvu/657

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

veut avoir des médecins instruits, il faut qu’elle leur donne, dans son intérêt même, toutes facilités pour faire leurs études. Si donc l’on supprime l’institution générale du volontariat, elle doit être rétablie, sous une autre forme, pour la totalité des élèves en médecine.

Puisque le médecin sert en cette qualité, en cas de mobilisation et de guerre, c’est comme médecin qu’il doit faire son apprentissage militaire, et comme les études médicales ne sont pas terminées avant l’âge de vingt-six ans, le sursis de départ doit être prolongé jusqu’à cet âge. Une année suffit à connaître ce qu’a de spécial le service médical militaire, la durée du service imposé aux jeunes médecins ne doit être que d’une année, dont six mois dans un hôpital militaire et six mois dans un corps de troupe. En cas de mobilisation, les étudians en cours d’études servent en qualité d’infirmiers de visite, chargés des pansemens ; toutefois les internes des hôpitaux nommés au concours, les élèves ayant passé les trois premiers examens devraient, après avoir subi un examen spécial, pouvoir être admis comme médecins auxiliaires.


II

J’ai dit que la loi militaire, au lieu de créer l’homogénéité du service médical, crée sûrement des conflits permanens entre l’élément médical militaire et les médecins civils mobilisés, temporairement incorporés dans l’armée. Il est malheureusement facile de le démontrer.

En cas de mobilisation et de guerre, il faut mélanger au cadre permanent de quatorze cents médecins militaires douze ou treize mille médecins civils ou étudians en médecine[1]. Or, il ne s’agit pas ici de simples soldats qu’on encadre dans un corps d’officiers ou de sous-officiers, puisque le service de santé, dans sa partie essentielle, ne comprend que des docteurs en médecine qui tous, qu’ils soient mobilisés ou en service permanent, ont rang d’officiers. Il ne s’agit pas davantage d’officiers d’infanterie, de cavalerie, d’artillerie, etc., auxquels viennent s’adjoindre en temps de

  1. Pendant l’année scolaire 1885-86, nos facultés de médecine ont conféré 539 diplômes de docteur, 120 officiers de santé ont été reçus : 48 par les facultés, 11 par les écoles de plein exercice, 61 par les écoles préparatoires, soit, pour une seule année, 659 diplômes donnant droit d’exercer. Par conséquent, la mobilisation des dix contingens de l’armée territoriale adjoindrait à la médecine militaire environ 5,400 docteurs et 1,200 officiers de santé, auxquels il faut ajouter un nombre au moins égal de docteurs et d’étudians en médecine appartenant à l’armée active ou à sa réserve. C’est donc un total de plus de 13,000 médecins civils, incorporés aux 1,400 médecins militaires de profession.