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Les voyages scolaires accomplis pendant les vacances seraient le complément naturel de ces exercices salutaires. La Suisse nous en a donné l’exemple, les récits de Töpffer les ont fait connaître à tout le monde, et le docteur Varrentrap, conseiller sanitaire à Francfort, en a démontré les avantages au congrès international d’hygiène de Genève. L’essai fait à Paris, en 1883 sous le patronage de la caisse des écoles du IXe arrondissement, a complètement réussi. Les enfans, qu’on avait à dessein choisis parmi les plus débiles, sont revenus brillans de santé, avec une augmentation très notable de taille et de poids. Il serait bon de généraliser cette mesure. Ce serait la manière la plus avantageuse d’utiliser, au point de vue de l’hygiène, ces vacances trop longues, pendant lesquelles les parens, retenus dans les villes, ne savent souvent que faire de leurs enfans.

Les exercices militaires doivent trouver leur place dans l’éducation des lycées, pour les mêmes raisons que l’escrime, mais avec un degré moindre d’utilité, parce qu’ils sont moins propres à développer l’adresse et la vigueur. Ils sont, du reste, réglementaires. On leur accorde une demi-heure par semaine. C’est peu de chose, et cependant cela suffit, parce qu’il s’agit de jeunes gens instruits dont l’intelligence est prompte à saisir. Il y a intérêt à ce qu’en arrivant sous les drapeaux, ils soient initiés au maniement du fusil et aux principaux mouvemens du soldat ; mais il est inutile d’aller plus loin, car il serait fâcheux de renouveler dans les lycées l’expérience des bataillons scolaires.

Le tir me paraît avoir plus d’importance. Il exerce le coup d’œil, la vision à distance, et contre-balance avantageusement les funestes influences que l’abus de l’écriture et du dessin exercent sur l’organe de la vue.

L’éducation hygiénique dont je viens d’indiquer les bases principales est incompatible, je le reconnais, avec les dispositions actuelles de nos lycées ; mais c’est précisément sur ce dernier point que les réformes sont le plus urgentes. Presque tous ces établissemens sont situés au sein des villes, et ce n’est pas là leur place. Les lycées, comme les hôpitaux, comme les casernes, doivent être à la campagne. L’atmosphère viciée des quartiers populeux ne convient pas aux agglomérations de jeunes gens, et l’espace y est trop restreint. La plupart des collèges se composent de bâtimens à plusieurs étages, serrés les uns contre les autres. Les cours sont trop petites, les classes, les études n’ont pas les dimensions nécessaires, les dortoirs sont insuffisans. On en cite dans lesquels le cube d’air attribué à chaque élève ne dépasse pas 8 mètres. C’est à peine le tiers de ce qu’on regarde aujourd’hui comme indispensable. Enfin,