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aux jeunes enfans, que le mouvement leur est indispensable et que leur squelette se déforme très vite, lorsqu’on les oblige à prendre et à garder des attitudes pour lesquelles ils ne sont pas faits.

J’ai dit plus haut que la phtisie se développe fréquemment sur les bancs des lycées et qu’elle y marche avec une vitesse très grande. Tout y favorise, en effet, sa production. La tuberculose est une maladie de misère que font éclore toutes les influences dépressives et notamment l’immobilité, la claustration et l’encombrement. Le défaut d’exercice ne permet pas la libre expansion des poumons et la mise en action de toutes les régions de ces organes délicats, dont l’intégrité ne se maintient que par un jeu régulier et complet. L’habitation presque continuelle des classes, des études, des dortoirs où l’espace fait défaut, où l’air n’est pas suffisamment renouvelé, a été signalée par tous les médecins comme l’une des causes les plus actives de la phtisie. « Dans les maisons d’éducation, dit le professeur Michel Peter, il n’y a pas seulement le travail excessif du cerveau et la réparation insuffisante, il y a la rumination de l’air dans des salles d’études mal ventilées durant la saison chaude et nullement pendant la froide, la rumination de l’air dans des dortoirs moins aérés que ne le sont les salles d’études ; il y a, pendant la plus grande partie du jour, la claustration loin du soleil, c’est-à-dire l’étiolement; l’immobilisation sur les bancs, c’est-à-dire les muscles au repos, la cervelle aux travaux forcés. Tel alors était né pour être un cultivateur bien portant qui devient un fort en thème tuberculeux. »

Si l’on joint à tout cela l’ennui, la tristesse inséparables de cette existence à rebours, le défaut de précaution, les bronchites causées par les courans d’air dans les couloirs humides, à la sortie des études et des classes trop chauffées, on ne s’étonnera pas que les lycées soient un milieu favorable à l’éclosion de la tuberculose. Encore n’ai-je pas parlé de la contagion à laquelle expose cet air banal et non renouvelé du dortoir que chacun respire et renvoie à son voisin douze cents fois par heure. C’est cependant une question dont il commence à être temps de se préoccuper.

Les troubles digestifs ont beaucoup moins d’importance ; cependant tous les médecins des lycées signalent la fréquence de la dyspepsie chez les élèves un peu avancés dans leurs études ; ces jeunes gens se plaignent de n’avoir plus d’appétit; ils digèrent mal et maigrissent. On attribue ces troubles, si peu naturels à leur âge, à la précipitation avec laquelle ils prennent leurs repas, au défaut d’exercice et surtout à la position assise à laquelle ils sont astreints tout le jour, penchés en avant, le tronc affaissé sur lui-même, les fausses côtes pressant sur les organes abdominaux.

Les affections cérébrales et les névroses ne sont pas l’apanage