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que, s’il meurt quelques enfans de plus, il y en a d’autres qui prennent des forces et se développent au collège, tandis qu’ils périclitaient dans la maison paternelle. Le fait est vrai, quoique très exceptionnel ; mais il demande une explication. Les enfans dont la santé se raffermit au lycée sont ceux qui étaient mal élevés par leurs parens, qu’on entourait de trop de soins et de précautions. La crainte exagérée des refroidissemens, de la contagion, des accidens qui menacent le premier âge; la terreur qu’inspirent le croup, les angines, les maladies éruptives, portent beaucoup de mères à élever leurs enfans en serre chaude. On ne les fait sortir que lorsque le temps est sûr ; on les couvre de vêtemens trop chauds qui les font transpirer au moindre mouvement et les rendent impressionnables au plus léger abaissement de température. Ils s’enrhument s’ils sont exposés un instant à un courant d’air, ou si leur bonne les arrête au coin d’une rue. Passant leur vie dans un air trop chaud, insuffisamment renouvelé, dans la demi-obscurité d’appartemens soigneusement défendus contre la vive lumière, ils s’étiolent et ne se développent pas. Soumis à une alimentation trop raffinée, bourrés de friandises et ne faisant pas d’exercice, ils perdent l’appétit, de leur âge et deviennent dyspeptiques, comme les gens de lettres. Leur système nerveux s’exalte et leurs muscles restent grêles. Ils sont pâlots, chétifs, sujets à une foule d’indispositions et, bien que doués d’une bonne constitution:, ils ne peuvent pas prendre le dessus.

Chez ceux-là, la vie de collège opère un changement favorable. N’étant plus ni gâtés ni dorlotés, soumis à des habitudes régulières, ils se transforment, et, au bout de quelque temps, on constate dans leur état une amélioration sensible. Ils font comme les plantes que l’on retire du salon pour les porter dans la cour et qui s’y épanouissent parce que ce nouveau milieu leur est encore moins nuisible que l’autre; mais pour que ce changement de vie soit profitable à l’enfant, il faut qu’il soit doué d’une bonne constitution. S’il porte en lui le germe de quelque maladie organique, l’épreuve lui sera fatale. La tuberculose, notamment, évolue dans les lycées avec une rapidité souvent effrayante. Il n’est pas de médecin qui n’ait eu l’occasion de voir des enfans un peu débiles, mais n’ayant jamais toussé et appartenant à des familles complètement indemnes, devenir phtisiques au collège.

Parmi les maladies qui doivent être mises sur le compte de la scolarité, les plus incontestées et les plus fréquentes sont : les déviations de la colonne vertébrale chez les jeunes enfans, les maladies des voies respiratoires dans l’adolescence, et celles du système nerveux chez les élèves qui se préparent aux écoles spéciales. L’anémie et la myopie s’observent pendant tout le cours des études.

Les déformations scolaires sont le résultat des attitudes vicieuses