Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 81.djvu/433

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toute nouvelle. Les lettres, et principalement le latin, l’étude des lois, devinrent la base de l’instruction des jeunes hommes qui se destinaient aux carrières libérales, ainsi que des gentilshommes plus spécialement destinés à la guerre et aux grandes fonctions publiques.

L’enseignement des collèges resta pendant longtemps dans cet état de simplicité. Au XVIe siècle, le latin en était encore la base à peu près unique. Tout lui était sacrifié, même la langue française. Les élémens du grec, quelques théorèmes de mathématiques d’après Euclide, venaient à peine s’y joindre à la fin des études. Quant à la géographie, à l’histoire, à la physique, il n’en était pas question. C’est Richelieu qui les a fait entrer dans les programmes et qui a rendu à la langue nationale la place qu’elle devait y occuper. À cette époque, les sciences, encore à l’état rudimentaire, étaient l’apanage exclusif de quelques adeptes. L’instruction professionnelle n’existait pas encore, ou du moins elle consistait uniquement dans des traditions qui se transmettaient directement du maître à l’apprenti dans les corps de métiers. Les exercices physiques avaient alors perdu beaucoup de leur importance. Ils se réduisaient, pour les gentilshommes, à l’équitation, à l’escrime, à la danse et au noble jeu de paume.

A la fin du siècle dernier, les encyclopédistes commencèrent l’attaque contre ce vieux système d’enseignement. Ils déclarèrent la guerre aux langues mortes, s’efforcèrent de leur substituer l’étude des sciences naturelles, et préparèrent ainsi la transformation politique et sociale qui fut l’œuvre de la révolution de 1789 et devint le signal d’une évolution nouvelle. Les sciences prirent, à cette époque, un essor sans précédens, sous l’impulsion d’une pléiade d’hommes de génie. Les découvertes faites en chimie et en physique firent naître de nouvelles industries, perfectionnèrent celles qui existaient déjà et firent entrer de vive force, dans l’enseignement, les connaissances pratiques qui se rattachaient à ces formes nouvelles de l’activité sociale. L’instruction professionnelle, jusqu’alors toute de tradition, se fit dogmatique et donna le jour aux écoles d’arts et métiers.

Tout se tient dans l’évolution des sociétés, et le mouvement industriel qui venait de naître ne tarda pas à modifier les relations économiques des différens peuples. De nouveaux courans commerciaux s’établirent pour satisfaire aux exigences d’une production plus abondante et plus variée. La facilité des communications multiplia, dans des proportions jusque alors inconnues, les rapports des peuples entre eux. Rapprochés par la vapeur et par l’électricité, ils sentirent plus vivement le besoin de se comprendre, et l’étude des langues vivantes s’imposa à son tour : elles vinrent réclamer leur