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L’ÉDUCATION HYGIÉNIQUE
ET LE
SURMENAGE INTELLECTUEL

L’éducation des enfans a été de tout temps la grande affaire des nations. L’avenir des peuples dépend de la manière dont les jeunes générations sont élevées. Ce sont là des vérités d’une telle évidence, qu’il serait inutile de les exprimer, si l’on ne semblait pas aujourd’hui les méconnaître d’une façon aussi complète. Il serait difficile d’imaginer un système d’éducation moins approprié aux besoins de notre époque, que celui qui s’est établi chez nous, par la force inconsciente des choses, plutôt que sous l’influence d’une volonté raisonnée et d’après un plan déterminé. La nécessité d’une réforme s’impose à tous les esprits clairvoyans, et, pour bien comprendre la direction dans laquelle elle doit s’opérer, il faut d’abord se rendre compte de la façon dont les peuples modernes ont été conduits peu à peu à négliger dans l’éducation des enfans les choses les plus essentielles, pour exagérer l’importance de celles qui le sont moins.

L’éducation se réduit, en dernière analyse, à transmettre à ceux qui entrent dans la vie les connaissances acquises par ceux qui les y ont précédés. Plus ce capital est considérable, et plus l’éducation se complique. Dans les sociétés primitives, elle se réduisait à bien peu de chose. Elle n’avait trait qu’aux exigences matérielles de la vie, et se bornait à montrer aux enfans comment il fallait s’y prendre pour attaquer les animaux, afin de s’en nourrir, et pour résister à ses ennemis ; à leur enseigner quelques arts grossiers et rudimentaires ayant trait aux nécessités les plus impérieuses de leur existence peu compliquée.