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duc d’Orléans, la seconde par le général de Rumigny, la réserve par le général de Dampierre. Il comprenait quinze bataillons, treize escadrons, quatre batteries, quatre compagnies de sapeurs, un nombre de soldats du train suffisant pour conduire un convoi de six cents mulets; l’effectif total était de dix mille hommes. Douze bataillons, quatre escadrons et huit bouches à feu restaient dans la province d’Alger, sous les ordres du général de Rostolan. Avant de s’engager à l’ouest au-delà de la Chiffa, le maréchal voulut assurer la tranquillité de la Métidja orientale que menaçait un rassemblement d’Arabes et de Kabyles commandés par Ben-Salem. Une colonne, formée au camp du Fondouk, de sept bataillons, de six escadrons et de quatre obusiers de montagne, se porta, le 19 avril, sur le campement de l’ennemi, qui, refusant le combat, se mit en retraite et disparut derrière les montagnes des Isser. En revenant au Fondouk, le maréchal y laissa le général de Rostolan avec quatre bataillons, prescrivit l’évacuation du camp de l’Arba, passa deux jours à Alger pour régler l’administration des affaires pendant son absence, et se rendit, le 25, à Blida, où l’attendait le corps expéditionnaire.

Le 27 avril, il passa la Chiffa. La plaine des Hadjoutes s’étendait devant lui; au fond, sur la droite, on apercevait le bois des Kareza, à gauche, sur les hauteurs d’El-Afroun, les tentes d’un campement arabe. Le soir, vers quatre heures, la première division commençait à installer son bivouac au bord du lac Halloula quand les avant-postes signalèrent un gros corps de cavalerie qui débouchait par la gorge de l’Oued-Djer. C’était la cavalerie de Sidi-Mbarek. Aussitôt, les marmites renversées, les faisceaux rompus, les troupes sous les armes, le duc d’Orléans se dirigea rapidement sur l’aile gauche de l’ennemi que l’artillerie de la réserve canonnait au centre. Quand il voulut faire porter aux chasseurs d’Afrique l’ordre de charger sans retard, ce fut le duc d’Aumale qui se présenta, et quand le régiment s’ébranla pour la charge, ce fut le jeune officier d’ordonnance qui partit en avant, botte à botte avec le colonel. A gauche, les deux régimens de marche s’étaient pareillement engagés. Traversée par les escadrons français, la ligne arabe s’était reformée derrière; il fallut d’un autre élan la repercer au retour, puis la charger deux fois encore et de front et de revers avant de la décider à la retraite. Dans le va-et-vient de ces heurts de cavalerie, semblables au choc des vagues dans une mer démontée, le lieutenant-colonel Miltgen, commandant le 1er régiment de marche, fut atteint d’une blessure mortelle. Débarrassés de leurs sacs, les zouaves et le 2e léger achevèrent la défaite des Arabes, qui, la nuit venue, disparurent par le ravin du Bou-Roumi. Tel fut le combat d’El-Afroun, prologue heureux de la campagne ouverte ce jour-là même, et pour le duc d’Aumale, vaillant début, joyeux élan dans la carrière qu’il se préparait à fournir.