Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 80.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
COMMENCEMENS D'UNE CONQUÊTE

VIII.[1]
LE GOUVERNEMENT DE DAMRÉMONT (1837). — LE TRAITÉ DE LA TAFNA. — LA PRISE DE CONSTANTINE.


I.

Si l’on peut supposer avec assez de vraisemblance que le général Bugeaud s’était promis ou s’était laissé promettre la succession du maréchal Clauzel, on doit reconnaître qu’il ne fit pas à cet espoir entrevu le sacrifice de ses idées militaires. Son discours, du 19 janvier 1837 à la chambre des députés, était en désaccord avec les résolutions prises par le ministère que présidait le comte Molé ; le système de l’occupation restreinte et du progrès pacifique avait prévalu. Le général de Damrémont accepta le programme du cabinet; quand il prit possession du gouvernement général, dans les premiers jours du mois d’avril, la proclamation qu’il adressa aux habitans de l’Algérie ne put laisser le moindre doute à cet égard. « Le roi, disait-il, veut la conservation d’Alger; il veut tout ce qui peut assurer cette conservation en la rendant avantageuse à la France, Longtemps il a fallu combattre, il a fallu porter en tous lieux l’idée de notre puissance, prouver que nos armes pouvaient aller partout, protéger nos amis, atteindre nos ennemis. Ce résultat est pleinement acquis, et, si l’autorité du nom français réclame

  1. Voyez la Revue des 1er janvier, 1er février, 1er mars, 1er avril, 15 mai 1885, du 1er janvier et du 1er février 1887.