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recourir à des impôts nouveaux pour équilibrer les recettes ordinaires et les dépenses ordinaires; 3° il faut recourir à l’emprunt pour couvrir toutes les dépenses extraordinaires et pour rembourser les titres de la dette flottante à mesure qu’ils arrivent à échéance.

On voit par là ce qu’il est advenu de la formule : l’équilibre par des économies, pas d’impôts nouveaux, pas d’emprunt.

La Bourse a craint un moment que le ministre des finances ne proposât hardiment un emprunt de liquidation d’environ 1 milliard en rente perpétuelle. Cette crainte s’est promptement évanouie. M. Dauphin entend alimenter le budget extraordinaire partie à l’aide d’émissions d’obligations sexennaires, partie au moyen de la création d’obligations remboursables en soixante années.

Très peu de valeurs ont subi d’importantes variations de cours pendant cette quinzaine. Signalons toutefois une hausse de 21 francs sur le Suez et de 15 francs sur le Panama. L’action du canal de Corinthe, moins favorisée, a perdu 25 francs. Ces titres sont sous le coup du dernier appel de fonds, au montant de 75 francs. De plus, il est avéré que des devis primitifs pour les frais du percement seront dépassés et que le canal ne sera pas ouvert avant la fin de 1889,

Le Nord a baissé de 40 francs. Une légère diminution de dividende a déterminé quelques ventes de portefeuille et peut-être de spéculation. Le Crédit foncier a reculé de 12 francs, la Banque de Paris de 6 francs, les Chemins autrichiens et les Lombards de 10 francs, les Méridionaux, le Nord de l’Espagne et le Saragosse ont été assez recherchés; les premiers ont gagné 10 francs à 770. Presque tous les titres des établissemens de crédit sont restés aux cours du milieu du mois.

La Société générale a tenu son assemblée annuelle le 26. La physionomie de l’exercice écoulé, en ce qui concerne cet établissement, se résume dans cette phrase extraite du rapport présenté aux actionnaires : « Jamais vos comptes de dépôts, tant à Paris qu’en province, n’ont atteint des proportions aussi élevées, tous vos services de banque sont en progression, et cependant l’ensemble des résultats de ces opérations se solde avec un bénéfice moindre que les années précédentes. » Le rapport attribue cette diminution à l’excessive abondance des capitaux et à l’extrême difficulté des remplois. Il est probable qu’on ne se tromperait guère en supposant que la situation du portefeuille de valeurs de la Société a aussi contribué à ce résultat. Le conseil a en effet proposé à l’assemblée, qui s’est empressée d’adhérer à cette résolution dictée par la prudence, de constituer, par un prélèvement sur la réserve ordinaire, une réserve spéciale de 6 millions destinée à servir de provision pour une partie du portefeuille-titres. Quoi qu’il en soit, les bénéfices réalisés en 1886 ont permis de fixer le dividende à 12 fr. 88, soit 12 fr. 50 net par action, ou 5 pour 100