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intérieur ou extérieur ne vient en aide aux vendeurs déçus dans toutes leurs présomptions.

La prolongation de la crise ministérielle à Rome n’a point enrayé la reprise sur l’Italien, qui vient encore de remonter de 0 fr. 60 dans la seconde moitié du mois. Le Hongrois a gagné 0 fr. 75 pendant la même période. Les valeurs ottomanes sont restées à peu près immobiles, ainsi que l’Extérieure. L’Unifiée s’est relevée de 6 francs. A Berlin, la liquidation de fin mars s’est effectuée sans aucun embarras, malgré l’énormité des engagemens de cette place sur les fonds russes. Une courte indisposition de l’empereur n’a eu aucune influence sur les tendances de la spéculation allemande. A Londres, une nouvelle diminution du taux de l’escompte a confirmé ce que l’on savait déjà de l’abondance extrême des capitaux.

Il est probable que notre rente 3 pour 100 aurait dépassé de nouveau le cours de 81 francs avant la fin du mois, en présence de tendances générales aussi favorables, si la spéculation parisienne n’avait eu à tenir compte de la possibilité d’une crise ministérielle, à propos du débat engagé mercredi sur une demande de crédits supplémentaires par M. Dauphin.

Le projet de budget pour 1888 a été déposé lundi dernier, 28 mars, sur le bureau de la chambre. Les recettes du futur exercice y sont évaluées à 3,253,583,183 francs, et les dépenses à 3,253,104,738 francs, d’où résulte un excédent apparent des recettes sur les dépenses. Nous disons apparent, car, pour arriver à l’état d’équilibre que représentent les chiffres ci-dessus, le ministre des finances ne tient pas seulement pour assuré qu’il n’y aura aucun mécompte dans le rendement des impôts, et que toutes les taxes donneront bien exactement le produit évalué, mais encore il fait état de 136 millions de ressources nouvelles à provenir de son projet de réforme de l’impôt mobilier, de la surtaxe sur les céréales et sur les sucres, et d’une surtaxe de 50 francs par hectolitre d’alcool.

Or, la commission chargée d’examiner le projet de réforme de l’impôt mobilier vient de le repousser par dix voix contre une; la chambre ne votera pas la surtaxe sur l’alcool; quant aux ressources à attendre de la surtaxe sur les céréales et sur les sucres, elles sont extrêmement problématiques.

Le ministre des finances n’a fait rentrer dans le budget ordinaire qu’une partie des dépenses non ordinaires. Il maintient donc un budget extraordinaire qui devra être alimenté par l’emprunt, aucune autre ressource n’étant prévue pour le genre de dépenses qui constituent ce budget.

Trois faits saillans caractérisent la situation financière actuelle : 1° il n’y a plus d’amortissement direct de la dette à court terme; 2° il faut