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LE
COMBAT CONTRE LE VICE

II.[1]
LA CRIMINALITÉ.

Faire consciencieusement son examen de conscience n’est pas chose aisée pour une nation. Pour accomplir cet exercice salutaire, elle pourrait même se trouver dans l’embarras, si la statistique criminelle ne venait à son aide. Lorsque cette statistique a été fidèlement tenue suivant la même méthode pendant un laps de temps assez long, et qu’elle a enregistré impitoyablement toutes les infractions commises par les citoyens, depuis les contraventions de voirie jusqu’aux parricides, on ne saurait arguer son témoignage d’indulgence ou de sévérité excessive. Tout au plus pourrait-on dire que les indications de la statistique criminelle sont très générales, très sommaires, et que, pour établir le bilan moral d’une nation, il y faudrait ajouter bien des fautes qui ne relèvent point de la justice humaine. Mais, si sommaires qu’elles soient, ces indications n’en servent pas moins à mettre un peu d’ordre dans une recherche où l’abondance des matières introduirait aisément la confusion. On raconte que, sur le déclin d’une vie qui ne s’était pas écoulée sans légères faiblesses, l’aimable auteur du Voyage autour de ma chambre avait été ramené par son moins aimable frère à l’accomplissement de devoirs

  1. Voyez la Revue du 1er janvier.