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LES DESCENDANS DES MAGES.

qu’ils manquaient de ressources pour adapter à leurs bateaux la nouvelle méthode, mais parce qu’attachés à leurs anciennes constructions, ils éprouvaient de la répugnance à délaisser les principaux moteurs de leur prospérité. L’eau et le feu, deux grands élémens vénérés par eux, jouent le principal rôle dans la marine actuelle. N’est-ce pas là le motif secret de leur répugnance à employer la vapeur ?

Ce sont des maisons Israélites qui les ont remplacés aujourd’hui dans les grandes transactions qui se font encore entre les Indes anglaises et la Chine. Quoi qu’il en soit, c’est grâce à eux que Bombay est et restera la seconde ville du nouvel empire britannique.

L’éducation que les premiers Parses avaient reçue en exil avait été médiocre. En dehors de l’enseignement religieux, ils connurent simplement la lecture, l’écriture et les quatre règles de l’arithmétique. Mis bientôt en rapport avec des Européens érudits, venus aux Indes orientales pour d’autres raisons que celle d’y faire fortune, les Mazdéens éprouvèrent le désir d’accroître leurs connaissances intellectuelles. Ils apprirent tout d’abord la langue anglaise, indispensable à leurs rapports d’affaires avec les représentans des maisons de commerce de Londres, puis, lorsqu’en 1820 arriva à Bombay, en qualité de gouverneur, l’honorable Mountstuart Elphinstone et que le premier soin de ce haut fonctionnaire eut été de créer un collège où tous les enfans purent recevoir une instruction complète, il se produisit dans l’Hindoustan une révolution intellectuelle. Les langues étrangères, les sciences, la philosophie même pénétrèrent dans des esprits qui jusque-là avaient vécu dans des ténèbres épaisses.

Pas un Parse ne néglige de donner à son fils une bonne éducation ; il y a peu de temps, 500,000 francs ont été versés par le Panchayet afin d’augmenter le nombre des professeurs et de payer ceux-ci largement. L’institution Elphinstone, l’école catholique de Saint-François-Xavier, le collège des Jésuites et bien d’autres maisons d’éducation créées par des particuliers, sont fréquentés par les enfans parses. Ceux-ci dominent dans les écoles, quoique bien inférieurs en nombre aux Hindous et aux mahométans.

Lorsque, en1842, Jamshedje Jijibhai reçut de sa majesté la reine d’Angleterre le titre de baronnet, le nouveau noble offrit à ses coreligionnaires l’énorme somme de 300,000 roupies ou plus de 600,000 fr. pour secourir les pauvres de sa secte et donner de l’instruction à leurs enfans. Le Panchayet vota pour le même objet 800,000 francs et, le 17 octobre 1849, s’ouvrirent à Bombay quatre institutions d’enseignement pour jeunes garçons et jeunes filles. Telle a été la marche ascendante de l’instruction dans cette ville, qu’en 1883 cent soixante-dix