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LES DESCENDANS DES MAGES.

que, peu à peu, les femmes s’adonnaient à des pratiques superstitieuses et autres, indignes de leur secte. Ainsi, elles sortaient à nuit close, pour aller aux fontaines, aux marchés, ou à des réunions dont les maris et les domestiques étaient exclus. Crédules et superstitieuses au plus haut point, elles portaient des offrandes aux temples hindous afin d’obtenir des dieux païens une bénédiction pour leurs enfans, un amour constant de leurs maris, et, si elles étaient stériles, l’espérance de devenir bientôt mères. Prêtres parsis, brahmes ou fakirs mahométans, recevaient indistinctement leurs vœux. Elles se surchargeaient aussi d’amulettes que des magiciens leur vendaient en affirmant que, si elles s’en paraient, leurs désirs seraient exaucés.

Le Panchayet décréta que toute femme parse rencontrée dans les rues après le coucher du soleil, sans un domestique porteur d’une lanterne allumée, serait appréhendée au corps par les employés des pompes funèbres et conduite par eux, pour y passer toute la nuit, au Nasakhama, local où sont disposées les civières des morts. Les pauvres créatures furent frappées d’une telle terreur que, depuis cet édit, il ne s’en est pas montré une seule dans les rues de Bombay avant ou après le coucher du soleil. Ce n’était pas le cachot sinistre qui leur causait de la frayeur, mais le contact impur d’un employé aux funérailles. C’était une souillure que rien ne pouvait effacer.

Les croyances superstitieuses ont été plus faciles à déraciner, la fréquentation, chaque jour plus grande, des Européens, les idées modernes, ont fait pour les détruire plus que toutes les lois et les réprimandes. Aux anniversaires de la mort d’un Parse, les parens du défunt avaient la coutume de donner de grands dîners, de faire porter chez leurs amis des douceurs, des fruits, des présens de toute sorte. C’était une ruine pour le Zoroastrien pauvre. Une ordonnance du Panchayet fixa à deux cents personnes le chiffre maximum des invités, et à la condition de ne leur servir que du riz et du carry. Les femmes avaient aussi un usage déplorable. Au décès d’un ami de leur époux, elles se réunissaient pendant un mois et quelquefois plus dans la maison du défunt pour y pleurer, se frapper la poitrine et se lamenter au point de s’en rendre malades. On décréta que ces réunions dureraient trois jours pour la perte d’un enfant et dix pour celle d’une personne adulte.

Aujourd’hui, le Panchayet des Parses a perdu beaucoup de son importance ; aussi incapable de faire le bien que de faire le mal, son rôle est presque borné à l’équitable distribution des fonds de charité qui lui sont confiés par la communauté. Cependant, il fallait bien qu’un code spécial de législation, n’ayant rien de commun