des scrupules auxquels ils obéissent, au moment où il s’agit pour eux d’affirmer.
M. Cartailhac expose les raisons qui le portent à ne pas admettre l’homme tertiaire, dont un géologue portugais, M. Ribeiro, avait cru rencontrer des vestiges dans une formation d’eau douce, près de Lisbonne. L’homme « tertiaire, » toujours annoncé, jamais exhumé assez sûrement pour que son existence paraisse démontrée, a cependant un partisan résolu, et certainement des plus autorisés, en M. de Quatrefages. Celui-ci, dans sa préface, formule des réserves explicites vis-à-vis des dénégations ou tout au moins des doutes de M. Cartailhac sur les silex taillés des environs de Lisbonne. Ces silex sont en effet trop rudimentaires pour entraîner la conviction qu’ils ne sont pas dus à des causes naturelles, trop épars à la superficie pour que leur provenance directe du gisement tertiaire de Monte-Redondo puisse être nettement établie. Ils prêtent par cela même à des conjectures peu en rapport avec la grandeur d’une découverte qui reculerait au fond d’un passé des plus éloignés le berceau de l’humanité. M. de Quatrefages insiste, il est vrai, sur des restes humains recueillis par M. Ragazzoni à Castenedolo, près de Brescia, et qui feraient connaître a l’homme tertiaire lui-même. » Les ossemens de plusieurs individus, adultes ou enfans, et le squelette presque entier d’une femme auraient été extraits d’un terrain non remanié. Ici, l’abondance de débris demeurés en connexion comme dans une sépulture, mise en regard de leur pénurie sur le niveau « chelléen » ou des graviers de la Somme, si riches pourtant en instrumens d’un caractère frappant et d’une conservation merveilleuse, suffit à elle seule pour justifier les doutes et fortifier les objections.
D’ailleurs, la question est elle-même mal posée dans les termes par lesquels on semble vouloir la définir. que dit-on en parlant de « l’homme tertiaire,)> et l’opposant à celui dont la coexistence avec les grands pachydermes, éléphans, rhinocéros, hippopotames, du quaternaire inférieur est maintenant hors de contestation, celui dont les armes ou instrumens sont aussi bien déterminés et répandus, au bord de la Somme, de la Seine, de la Garonne, comme plus loin, près de Madrid et de Lisbonne, que s’il s’agissait d’antiquités gallo-romaines? S’agit-il d’un précurseur de l’homme actuel, comme l’a pensé M. de Mortillet, et comme l’abbé Bourgeois était disposé à l’admettre, trop éloigné de nous par l’apparence extérieure pour être notre ascendant direct, adapté à un ordre de choses encore très différent du nôtre, aux prises avec une nature incomplète au point de vue de certaines séries animales, telles que les équidés, les ruminans, les carnassiers? Ce précurseur dépend, il est vrai, d’une simple hypothèse, et ceux qui l’acceptent, sur la foi d’indices controversés, sont bien forcés d’en