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sur la demande de Borda et d’Haüy, et, deux jours après, le comité de salut public, après avoir pris l’avis du comité d’instruction publique[1], épurait la commission des poids et mesures, en décidant que Borda, Lavoisier, Laplace, Coulomb, Brisson et Delambre cesseraient immédiatement d’en faire partie. Une demande du 1er nivôse (21 décembre] du comité des assignats et monnaies, s’adressant au comité de salut public pour obtenir que Lavoisier pût travailler dans son laboratoire, n’eut pas plus de succès.

La lettre adressée le 2 décembre à la Convention par les fermiers- généraux n’ayant reçu aucune réponse, ils envoyèrent une nouvelle pétition qui fut discutée dans la séance du 21 frimaire (11 décembre). Un député ayant proposé de passer à l’ordre du jour. Bourdon (de l’Oise) réclama le renvoi de la pétition au comité des finances ; il fut combattu par Thuriot, qui voulait qu’on accueillît sans plus ample examen la demande des fermiers-généraux. Montant et Cambon prirent part à la discussion; leurs discours font connaître les illusions de l’assemblée sur la fortune des gens de finances. Suivant Montant, l’examen de leurs comptes amènera une rentrée de 400 millions dans les caisses de l’état; suivant Cambon, les premiers résultats des recherches des commissaires reviseurs dévoilent pour plus de 300 millions de vols que l’on fera bien restituer aux voleurs. Le même jour, le comité de sûreté générale prenait un arrêté conforme aux décisions de la Convention en chargeant les députés Jack et Dupin de s’entendre avec Dufourny, président de l’administration du département de Paris, pour aménager en prison l’ancien Hôtel des fermes, et diriger la translation des détenus de Port-Libre.

De nouvelles rigueurs les frappaient en ce moment : les scellés étaient réapposés dans leurs demeures, et, peu de temps après, tous leurs biens, meubles, immeubles et revenus étaient placés sous le séquestre. Les scellés avaient été apposés chez Lavoisier en présence de sa femme, le 27 frimaire (17 décembre 1703) par les commissaires de la section des Piques, qui se transportèrent ensuite, pour exécuter la même opération, au château de Freschines, que Lavoisier possédait aux environs de Blois, dans la commune de Villefrancœur. Deux fois les scellés furent levés provisoirement, sur un ordre du comité de sûreté générale; d’abord sur la demande des délégués du comité d’instruction publique, Guyton-Morveau et Fourcroy, chargés de retirer les objets relatifs à la commission des poids et mesures. La perquisition se fit en présence des délégués du comité

  1. A cette époque, il y avait au comité d’instruction publique Guyton-Morveau, Fourcroy, Arbogast, Romme, Grégoire, etc.