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aussitôt après cette liquidation, du marché de Paris d’abord et, à son exemple, des marchés de Berlin, de Vienne et de Rome.

Au point de vue purement monétaire, la situation s’est bien améliorée depuis le commencement du mois. Les capitaux sont abondans, il n’est plus question des difficultés spéciales qui avaient, le mois dernier, assailli la place de New-York. Les taux de report sont revenus au niveau normal; à Berlin, la Banque de l’empire d’Allemagne a abaissé le taux de l’escompte. Les directeurs de la Banque d’Angleterre auraient pu trouver dans la situation monétaire du Stock-Exchange des raisons suffisantes de prendre la même mesure s’ils n’avaient été retenus par le désir de fortifier leur encaisse métallique en prévision de certaines éventualités.

Ce n’est donc pas la crainte d’une sorte de grève des capitaux qui a déterminé la spéculation à la hausse à procéder à une liquidation générale et violente, et quant aux craintes de guerre que l’on pourrait être plutôt tenté de considérer comme la véritable cause de la panique, elles n’en ont été plus vraisemblablement que le prétexte. En dépit de la publication du décret interdisant l’exportation des chevaux en Allemagne, de la fameuse dépêche du Daily News, dont les baissiers ont fait tant de bruit au début de la dernière semaine, enfin, de l’information relative à l’appel de 70,000 hommes de réserves en février par le gouvernement allemand, il est peu de personnes qui croient à l’imminence d’une guerre soit entre la France et l’Allemagne, soit entre l’Autriche et la Russie.

A la suite des incidens qui ont provoqué la dissolution du Reichstag et décidé M. de Bismarck à faire appel aux électeurs, il a été facile de prévoir que le chancelier allemand mettrait tout en œuvre pour effrayer la population de l’Allemagne sur les prétendus desseins belliqueux de la France et pour obtenir la nomination d’une assemblée favorable au septennat, mais il n’y a pas lieu de prendre au sérieux plus qu’il ne convient des démonstrations qui sont moins des actes diplomatiques, que de simples manœuvres électorales.

On pourrait donc difficilement s’expliquer, si l’on se plaçait uniquement au point de vue politique, l’émotion extraordinaire à laquelle se sont abandonnées les places financières.

Si la spéculation n’a opposé à d’insuffisantes raisons de baisse qu’une résistance incroyablement faible, si elle a cédé sans mesure comme sans raison, à une panique qui s’est étendue brusquement d’une place à toutes les autres, c’est à ses propres exagérations qu’elle doit son désastre.

La hausse des fonds d’état avait été l’œuvre d’un certain nombre de syndicats doués de plus d’audace que de ressources solides et d’espèces sonnantes. Après le syndicat qui a fait de Berlin le réceptacle