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naçante pour toutes les indépendances, pour la sécurité de l’Europe et qu’il ne tarderait pas à voir les coalitions se nouer contre lui. Il a, devant l’esprit, l’exemple de Napoléon, qui, lui aussi, ne faisait la campagne de Russie que pour en finir ! Il ne serait donc pas extraordinaire que M. de Bismarck fût sincère lorsqu’il assure qu’il ne songe qu’à la défense ; mais cette défense il la veut puissante, inexpugnable, il veut surtout la soustraire pour un long avenir aux mobilités de ce pouvoir parlementaire, avec lequel il a aujourd’hui à se débattre, qu’il sent grandir autour de lui. Par une prévoyance profonde, il calcule que l’empereur est nonagénaire, que M, de Moltke va l’être, que lui-même vieillit et que le jour où disparaîtraient ceux qui ont fait l’empire, qui le soutiennent de leur forte autorité, peut être un jour de crise. Si rien n’a été fait d’avance, l’organisation militaire de l’empire peut être mise en doute ; si le septennat est voté, l’œuvre est assurée, on n’osera y toucher !

Ce ne sont là, si l’on veut, que des conjectures sur des desseins dont personne n’a le secret. Toujours est-il que jusqu’ici la guerre n’est pas dans les paroles de M. de Bismarck, qu’elle n’est peut-être pas dans sa pensée, qu’elle est encore moins dans la pensée de la France, et qu’au moment même où les journaux anglais en sont à mettre les deux pays aux prises, nos diplomates et nos ministres échangent des politesses à Paris comme à Berlia, Ce n’est point sans doute une garantie absolue ; cela pourrait prouver du moins que rien n’est aussi con promis que le disent les mauvais augures, que la cause de la paix n’est pas encore perdue en Europe !

Ch. de Mazade.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.




Les conditions dans lesquelles s’est effectuée la liquidation de quinzaine ne faisaient point redouter l’accès de panique qui s’est emparé,