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LA
DISSOLUTION DU REICHSTAG
ET LA
POLITIOUE ÉLECTORALE EN ALLEMAGNE

Il y a des assemblées qui peuvent tout se permettre ; elles amassent impunément des charbons sur leur tête. Il en est d’autres qui sont tenues de court : on ne leur passe rien et leurs moindres peccadilles sont considérées comme des crimes irrémissibles. L’histoire dira un jour qu’en 1886 le gouvernement allemand sentit le besoin d’augmenter son effectif de paix, qu’à cet effet un projet de loi fut présenté au Reichstag, et que le Reichstag fut dissous, quoi qu’il eût accordé tout ce qu’on lui demandait, à cela près qu’on le sommait de voter la loi pour sept ans et qu’il ne voulait s’engager que pour trois ans. L’historien qui racontera cet événement aura peine à l’expliquer; il ne comprendra pas la prodigieuse différence qu’on peut mettre dans certains cas entre un septennat et un triennat indéfiniment renouvelable, et il sera tenté d’en conclure que certains gouvernemens ont l’humeur dure, épineuse, qu’ils préfèrent un procès douteux a« meilleur des accommodemens.

A vrai dire, les catholiques et les progressistes dont se composait la majorité du Reichstag avaient fait grise mine au projet de loi qu’on leur présentait. Ils s’étaient résignés de mauvaise grâce à un accroissement de l’effectif de paix dont ils ne sentaient pas la nécessité. On leur déclarait que l’Allemagne était en danger; ils demeuraient incrédules.