Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 79.djvu/635

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans certaines villes du littoral méditerranéen, et malheureusement ce ne sont pas les animaux qui en pâtissent. Le bon sens indique qu’il faut d’abord faire l’indispensable et puis ensuite réaliser chaque année une portion d’un programme modeste et bien compris. Il faut surtout s’attacher à tirer le meilleur parti possible de la situation que les circonstances ont créée. On ne serait pas contraint d’imposer aux populations de lourds sacrifices, si on parvenait à les convaincre de ce fait qu’une ville même insalubre peut devenir parfaitement habitable, au prix d’une propreté rigoureuse de la voie publique et des habitations, d’une surveillance constante et d’une police bien faite ; tandis que les travaux les plus dispendieux ne maintiendront pas la santé dans une localité mal entretenue, où la propreté des rues et des maisons ne sera pas l’objet de soins constans.

L’entretien de la voirie est la première dépense que doivent inscrire à leurs budgets les villes soucieuses de leur hygiène. Les travaux d’amélioration ne viennent qu’en second lieu. Ils doivent eux-mêmes être appropriés aux conditions particulières de chaque localité, à ses ressources et aux mœurs de ses habitans.

L’hygiène publique, qui est toute jeune encore, n’a pas eu le temps de se préoccuper de ces solutions particulières ; elle s’est bornée à étudier les questions à un point de vue général et absolu. Elle a eu presque exclusivement pour objectif les grands centres dont le budget se chiffre par des millions et qui ne renferment cependant pas, dans leurs enceintes réunies, le dixième de la population urbaine dont ils font partie[1]. C’est une lacune qu’il importe de combler et, pour commencer, il est bon de poser dès à présent quelques principes.


II.

L’hygiène des petites villes peut se résumer en deux mots : il faut faire l’indispensable avec le moins de frais possible. La première condition, pour s’épargner des mécomptes, est de déterminer au préalable quelles sont les nécessités de premier ordre auxquelles il faut obéir d’abord. Or il en est deux qui priment toutes les autres. Toute agglomération humaine doit avant tout se procurer de bonne eau et se débarrasser promptement de ses immondices.

  1. En France, les villes au-dessus de 100,000 âmes ne représentent pas le tiers de la population urbaine totale. Les dix villes qui sont dans ce cas réunissent 4,005,378 habitans, et la population urbaine, comprenant tous les centres de population de plus de 2,000 âmes, forme un total de 13,096,542.