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aux armemens les fonds disponibles. Il est certain qu’avec une population peu nombreuse et clair-semée, il est difficile de construire des chemins ; un kilomètre de route coûte tant ; ce chiffre, même réduit au minimum, produit une somme importante, si on le multiplie seulement par 100 kilomètres, c’est-à-dire par la distance du Pirée à Corinthe. On a eu la pensée de concéder les routes et d’y établir un péage; mais je ne crois pas que ce projet ait eu aucune suite. Lorsqu’on a songé à établir des chemins de fer, la difficulté de les construire en régie aux frais de l’état s’est montrée bien plus grande encore. Celui du Pirée à Athènes avait coûté 5 millions ; celui de Corinthe exigeait un capital cinq fois plus fort. Un gouvernement dont le budget total atteignait à peu près 60 millions était manifestement hors d’état de le construire, à moins de contracter de nouveaux emprunts. On prit donc enfin, par nécessité, le sage parti de susciter des compagnies étrangères, qui fournirent les fonds, les œuvres d’art, et, en général, tout ce qui dans un chemin de fer, provient de la grande industrie.

Voici quels sont les chemins de fer déjà exécutés, sans compter celui du Pirée à Athènes, qui date de 1869, et qui, passant par Phalère, n’a que 10 kilomètres de longueur. Le réseau thessalien sur une longueur de 206 kilomètres fonctionne depuis le commencement de 1884 ; sa principale ligne va de Larissa à Volo ; il met toute la plaine en communication avec la mer ; ses trains peuvent, au besoin, transporter 5,000 hommes; son capital est de 23 millions. — Le chemin de fer d’Athènes au Péloponnèse est le commencement d’un réseau qui doit s’étendre dans la péninsule. Son capital comprend des actions pour 25 millions à peu près et pour 7 millions environ d’obligations à 6 pour 100. La ligne du Pirée à Corinthe par Eleusis et Mégares est ouverte depuis le mois d’avril 1885. Quelques mois plus tard on a ouvert une section de son prolongement vers Patras ; et en 1886, la ligne et le réseau d’Argolide, allant de Corinthe à Argos, à Nauplie et jusqu’à Myli, l’ancien marais de Lerne. Là, le réseau s’arrête et devra traverser de grandes montagnes pour atteindre Tripolitza, ville centrale du Péloponèse. Quand la ligne de Patras sera terminée, l’ensemble aura un développement total de 304 kilomètres. Un troisième réseau porte le nom de chemins de fer de l’Attique ; il a pour but de desservir les environs du Pentélique, où les familles riches d’Athènes et du Pirée passent les étés, et surtout les nombreuses exploitations métallurgiques du Laurium et de ses environs. Son point le plus éloigné, les ateliers du Laurium, se trouve à 65 kilomètres d’Athènes. — Je passe sous silence le petit chemin de fer de Pyrgos à la mer, qui a en tout 13 kilomètres de longueur.