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Parmi les valeurs industrielles, le Suez a reculé de 2,110 à 2,075; le Gaz, de l,470 à 1,460; les Omnibus, de 1,225 à 1,200; les Voitures, de 700 à 685; la Compagnie franco-algérienne, de 140 à 110. Les actions des chemins français et étrangers ont été entraînées dans le mouvement général en arrière: le Nord, de 1,611 à 1,590; le Lyon, de 1,257 à 1,243; l’Orléans, de 1,335 à 1,322; le Midi, de 1,180 à 1,172; le Nord de l’Espagne, de 392 à 375; le Saragosse, de 336 à 328; les Méridionaux, de 805 à 790; les Lombards, de 226 à 220; les Andalous, de 440 à 420; les Portugais, de 576 à 550.

La réaction aurait été moins profonde sans aucun doute, malgré les ventes forcées qui se sont succédé pendant plusieurs jours comme conséquence de la suspension de paiemens annoncée le jour de la liquidation, si une crise d’une intensité extraordinaire, quoique très fugitive, n’avait éclaté à New-York, au milieu du mois, sur le marché des actions de chemins de fer américains. En une seule séance, les cours avaient fléchi de 10 à 20 pour 100 sur des titres qu’une spéculation à outrance faisait monter sans raison depuis trois mois. La crise avait été déterminée par l’impossibilité où s’étaient trouvés la plupart des spéculateurs d’obtenir des banques de nouvelles avances pour continuer leurs opérations. L’argent avait fait défaut subitement, le taux des prêts avait atteint des hauteurs fantastiques.

Le contre-coup s’était fait sentir immédiatement à Londres, où la Banque d’Angleterre, obligée de défendre son stock d’or, déjà très réduit, contre les expéditions à destination d’Amérique, a élevé le taux de son escompte à 5 pour 100. Pendant quelques jours, on a craint que les retraits d’espèces, en se continuant, n’obligeassent la Banque à recourir au taux de 6 pour 100. Cette crainte est restée vaine, heureusement pour notre marché, qui aurait peut-être fini par perdre toute force de résistance contre tant de causes d’affaiblissement.

La Banque de France, que l’on sait fort désireuse de garder intact son stock d’or, a cru devoir, vu le caractère critique des circonstances, se départir de sa rigueur habituelle, et a laissé sortir une vingtaine de millions. Ce secours est venu à point. La crise de New-York s’est apaisée, la Banque d’Angleterre a vu s’arrêter le drainage de son encaisse, et le taux de 5 pour 100 a pu être maintenu.

La question des reports est restée la seule préoccupation du marché. Les rumeurs belliqueuses se sont dissipées, au moins provisoirement, la crise monétaire est stationnaire, et l’on estime que les liquidations anticipées ont dégagé, dans une certaine mesure, les positions les plus compromises. On peut donc espérer que le règlement des comptes de fin d’année ne se heurtera pas à de trop gros obstacles, à la condition que les reports ne se tendent pas outre mesure. Les premières opérations, traitées par avance, se sont faites à 0 fr. 23 sur le 3 pour 100, à 0 fr. 30 sur le 4 1/2. Les nouvelles arrivées à Paris de la liquidation