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du 19 septembre; mais ce qu’il y a peut-être de plus frappant, de plus significatif dans cette discussion, c’est le langage tout patriotique de deux des plus éminens orateurs, M. Canovas del Castillo et M. Castelar, qui, dans des positions bien différentes, ont su mettre l’intérêt national de la paix, de la sécurité de l’Espagne au-dessus de leurs préoccupations de parti. Ce n’est point sans doute que le chef du parti conservateur, M. Canovas del Castillo, ait abdiqué ses opinions, qu’il ait même renoncé à combattre quelques-unes des réformes que propose le gouvernement; il réserve ses droits en désavouant d’avance toute pensée d’opposition systématique. Il cédait spontanément le pouvoir il y a un an au chef des libéraux, à M. Sagasta ; il se déclare encore tout prêt à soutenir le ministère, à éviter de lui créer des embarras, à tout subordonner à l’intérêt supérieur du pays. Et M. Castelar, à son tour, est resté assurément ce qu’il était, il garde son idéal de république ; mais, en même temps, il a désavoué avec éclat toute solidarité avec les révolutionnaires de son parti en montrant l’étrange contradiction où tombent ces conspirateurs qui parlent toujours de la volonté nationale et ne rêvent que violences. M. Castelar ne parle des institutions, de la reine régente qu’avec respect. Il est conservateur, modéré, il ne s’en cache pas ; il ne voit même d’autre république possible qu’une république, modérée, libérale, si elle doit venir, et en attendant il accepte ce qu’un ministère de bonne volonté peut lui donner. Conservateur royaliste et républicain conservateur, M. Canovas del Castillo et M. Castelar montrent ainsi comment des esprits supérieurs, inspirés par le patriotisme, savent au besoin mettre au-dessus de tout la paix, l’unité, l’honneur, l’existence même de leur pays.


CH. DE MAZADE.



LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le mouvement de hausse, qui paraissait si vigoureusement lancé dans la première moitié de décembre, a été arrêté brusquement le jour de la liquidation de quinzaine par l’annonce de la suspension de paiemens d’un agent de change. La situation périlleuse dans laquelle cet agent était placé n’était pas ignorée de la plupart de ses collègues,