Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 79.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE
COMBAT CONTRE LE VICE

I.
L’INCONDUITE.

La misère est une plaie qui ronge l’organisme des sociétés civilisées. Parmi les causes qui entretiennent cette plaie toujours saignante, il en est sur lesquelles la volonté individuelle n’a que peu ou point d’action. Ce sont les lois de la concurrence économique, lois fatales contre lesquelles, suivant le conseil du sage antique, « il est inutile de se fâcher, car cela ne leur fait rien. » La lutte d’industrie contre industrie, de peuple contre peuple, d’individu contre individu ne saurait aller sans souffrances, et le progrès lui-même s’achète au prix des ruines et des larmes. À ces souffrances la prévoyance, l’association, la charité, entendue au sens le plus large du mot, peuvent apporter certains adoucissemens ; mais elles ne les feront point disparaître. Tout système, socialiste ou chrétien, qui laisse espérer l’extinction du paupérisme est duperie ou chimère.

Cependant la misère a encore d’autres causes qui dépendent davantage de l’homme et de son libre arbitre. Si, parmi ceux qui vivent du travail de leurs bras, l’imprévoyance, la prodigalité, la paresse, la débauche, étaient inconnues, leur condition sociale en éprouverait une amélioration sensible. Mais comme, pour être pauvre, on n’est pas nécessairement parfait, ces vices, qui sont communs à