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s’est fait faute encore d’améliorer son livre, d’en effacée le caractère d’érudition pure, de le compléter, et, en le rendant plus-littéraire ; de le mettre ainsi à la postée d’un plus grand nombre de lecteurs. Cela ne valait-il pas bien une illustration toute neuve ? et MM. Garnier frères ont-ils craint de passer pour trop moliéristes, peut-être ? et n’ont-ils pas eu pitié de M. Louis Moland, dont il est évident qu’ils ont percé le cœur ?

L’illustration du livre est un art moins aisé qu’on ne pense, La preuve en est que MM. Jouaust et Sigaux eux-mêmes s’étaient trompés l’année dernière : ils prennent cette année leur revanche avec une traduction nouvelle de Werther, ornée de fort jolis dessins, par M. Lalauze, et précédée d’une bonne préface de M. Paul Stapfex ; une édition des Fables de Florian, avec sis compositions de M. Emile Adan et une préface de M. Honoré Bonhomme ; et une édition enfin des Aventures merveilleuses de Fortunatus, précédées d’une préface de M. Henry Fouquier, et très spirituellement interprétées par le crayon vif et léger de M. Edouard de Beaumont. Les amateurs savent déjà sans doute que les deux premiers volumes font partie de la Petite Bibliothèque artistique. Soyons donc complet, et, dans une autre collection, signalons à ceux qui aiment les romans de cet illustre « sensationniste » une belle édition du Chevalier des Touches, de M. Barbey d’Aurevilly.

Contes pour les jeunes et les vieux, c’est le titre d’un joli volume que publie la librairie Lemerre, illustré de soixante dessins de M. P. Rejchan, et dont l’auteur est M. André Theuriet. Nos lecteurs ont-ils besoin que nous vantions une fois de plus le talent délicat et robuste à la fois de M. André Theuriet ? Nous le faisons volontiers, en nous excusant auprès d’eux et de lui de ne le pouvoir pas faire plus amplement. Ou veulent-ils que parmi ces Contes nous leur disions celui que nous aimons le mieux ? Ce serait avec plaisir, si nous ne les préférions tous. Qu’ils les lisent donc eux-mêmes l’un après l’autre, depuis le Pommier jusqu’à Noël, puisqu’on ne conte pas avec plus d’art et de discrétion, de force et de sobriété que M. André Theuriet ; et s’ils ne nous sont pas reconnaissans de les leur avoir indiqués, c’est qu’ils seront bien difficiles.

Les Maîtres italiens en Italie, de M. Jules Levallois, illustré de nombreuses gravures et publié par la librairie Marne, font encore un assez bon livre, qui ne manquerait pas d’intérêt si l’auteur, trop visiblement, ne se croyait lui-même plus artiste et plus profond qu’il n’est. S’il pensait avoir découvert les maîtres italiens, je n’en serais pas étonné, ni lui non plus, à ce que j’imagine. Mais ce n’est pas l’occasion d’insister. Soutenu qu’il est toujours par son sujet lui-même, un livre sur l’art italien ne saurait jamais tomber au-dessous du médiocre, et l’on ne trouvera rien de bien neuf, mais tout de même d’utiles renseignemens