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Le beau volume intitulé : les Environs de Paris, fait partie d’une collection, mi-pittoresque et mi-géographique, dont nous avons, l’an dernier, signalé le premier volume : l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande. M. Louis Barron en est l’auteur, et M. G. Fraipont l’illustrateur. Pourquoi la nature est-elle toujours plus coquette et mieux peignée dans les livres, qu’elle ne l’est à Versailles même, et à plus forte raison dans les bois de Chaville ? C’est que l’homme s’y ajoute, répondent les philosophes ; et quand il n’y met pas plus de prétentions que M. Louis Barron, mais surtout quand il y unit l’agrément et la justesse de trait de M. G. Fraipont, les philosophes n’ont pas si grand tort. L’illustration de ces Environs de Paris est tout à fait élégante, et le texte facile, riche d’anecdotes, comme il convenait, et aussi de souvenirs historiques.

Trois beaux livres chez Firmin Didot ; et d’abord une traduction en vers de Roméo et Juliette, par M. Daffry de la Monnoye, illustrée de dix grandes compositions, dessinées par M. Andriolii, et gravées sur bois par M. Huyot. Nous avons déjà signalé les compositions de M. Andriolii, celles qu’il avait exécutées pour le Walter Scott et le Fenimore Cooper dont la maison Didot n’a pas d’ailleurs interrompu la publication. Celles dont il a illustré Roméo et Juliette ne sont guère moins heureuses, ni moins bien venues, mais le sont cependant, et peut-être en raison de la grandeur du cadre. Quant à l’exécution typographique, si nous disons que dans l’agencement du texte et la disposition des marges on s’est proposé de reproduire les célèbres éditions du Louvre, de Pierre Didot, et que l’on y a réussi, nous aurons dit à peu près tout ce que l’on peut dire. Celui-là serait indigne de lire qui ne sentirait pas le prix de ces types si nets, si bien espacés, éclairés et tirés ; et pour nous, dans un si beau texte, il n’est rien qu’on ne nous fit lire, pas même les romans de MM… Tel et Tel.

J’aurais pu dire les romans de M. Edmond de Goncourt : la Fille Elisa ou les Frères Zemganno. Mais ce n’en est pas aujourd’hui l’occasion ; la Femme au XVIIIe siècle étant peut-être, avec la Société française au temps de la Révolution et la Société française pendant le Directoire, le meilleur ouvrage que MM. de Goncourt aient écrit, celui de tous les leurs qui les survivra sans nul doute, et qui continuera de soutenir leur réputation quand les curieux seront seuls à lire Germinie Lacerteux et Renée Mauperin. Si MM. de Goncourt n’ont pas inventé le XVIIIe siècle, s’ils ne l’ont pas même découvert, ils l’ont tant étudié, tant aimé surtout, et jusque dans ses verrues ; et, par une juste récompense, ils l’auront si bien connu, dans ses moindres détails, qu’il en est devenu leur chose et leur domaine. C’est pourquoi, bien que MM. Firmin-Didot n’aient vraiment rien épargné pour l’illustration de ce livre ; qu’ils l’aient uniquement demandée aux artistes du XVIIIe siècle, aux Lancret, aux Lawrence, aux Saint-Aubin, aux Debucourt, aux