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L’ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE
DANS
L’UNIVERSITÉ DE FRANCE

I. Félix Ravaisson, la Philosophie en France au XIXe siècle, 2e édition. — II. Paul Janet, Victor Cousin et son œuvre. — III. Vacherot, le Nouveau Spiritualisme. — IV. Jules Simon, une Académie sous le Directoire. — V. Alfred Fouillée, la Propriété sociale et la Démocratie. — VI. A. Vessiot, de l’Éducation à l’école, 3e édition. — VII. Louis Wuarin, l’État et l’École. — VIII. Raoul Frary, la Question du latin.

Je ne sais si les Français ont la tête métaphysique ou même l’esprit philosophique dans toute la force du terme ; mais ils ont le besoin de philosopher en toute matière, c’est-à-dire de tout décider par des raisons générales. C’était, dès l’ancien régime, un trait dominant du caractère national ; c’est, depuis la révolution, la base même de toute notre existence sociale. Nous avons rejeté toute foi commune, toute tradition universellement respectée. Nous pouvons sans doute, comme individus ou comme membres de libres associations, nous soumettre à une autorité indiscutée ; mais, dès que nous faisons acte de citoyens, dans nos assemblées politiques, dans tous nos conseils délibérans, dans l’exercice de nos droits électoraux, nous ne pouvons échapper à la nécessité d’en appeler à la seule raison, à la raison philosophante. Nous n’y échappons pas davantage dans nos relations privées avec ceux de nos concitoyens qui, sur aucun point, n’ont avec nous le lien d’une même foi. De chrétien à libre penseur, comme de libre penseur à libre penseur, il ne peut se produire, sur un sujet quelconque, que des discussions toutes rationnelles.