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contre terre. Et Iésona, Bani, Sérébiah, Iamin, Akkoub, Sabbetaï, Hodiah, Maaseyah, Kélita, Azariah, Jozabad, Hanan, Pelaïah et les lévites expliquaient la Thora au peuple debout. Ils lisaient dans le livre de la Thora de Dieu distinctement, de manière à être compris ; puis ils expliquaient ce qu’ils avaient lu.


Les Israélites assemblés fondent en larmes, Esdras et les lévites les consolent et les engagent à se réjouir. Le lendemain, on cherche à bien comprendre ce qu’Esdras a lu la veille. On étudie la Thora qu’il a lue, comme un texte nouveau et inconnu jusque-là. On y trouve le détail de la fête des tentes. Les gens s’empressent de s’y conformer, comme à une loi, dictée par Moïse, il est vrai, mais tombée en désuétude depuis un temps immémorial. La fête est célébrée pendant sept jours, dans des gourbis dressés sur le toit des maisons, dans les cours, dans les parvis du temple, sur la place de la porte des Eaux, et sur la place de la porte d’Éphraïm. Chaque jour, on faisait une lecture de la Thora. Le huitième jour, il y eut une assemblée solennelle.

Toutes les fêtes servaient ainsi à Esdras d’occasion pour des espèces de missions, de retraites, d’exercices de piété, destinés à raviver le zèle de la Loi, telle que l’entendait la piété du temps et avec ses additions successives. La lecture de la Loi faisait partie de toutes ces fêtes. On s’y préparait en se séparant des étrangers, par le jeûne et les habits de deuil, par l’humiliation, les Psaumes de la pénitence, la confession des péchés et de ceux des pères. Les lévites avaient une estrade et jouaient dans ces manifestations piétistes un rôle important.

On peut dire que c’est à partir d’Esdras que la Thora existe comme un livre bien déterminé. On croit remarquer que des additions y ont été faites encore postérieurement ; mais l’Hexateuque, dès lors, était fixé dans ses parties essentielles, et les copies qui s’en firent dès lors furent très peu différentes les unes des autres. L’écriture commençait à être bien plus répandue qu’auparavant. La lecture publique est encore seule en usage du temps d’Esdras. La lecture privée allait commencer. Le séfer cesse d’être un document que l’on consulte au besoin, pour devenir le livre que l’on copie à plusieurs exemplaires tous semblables. La même révolution s’opérait à peu près vers le même temps en Grèce. Hérodote marque bien le passage du livre réservé pour les lectures en plein air au livre destiné à la lecture domestique.

Une telle révolution coïncide presque toujours avec le moment où les matériaux à écrire deviennent communs et à bon marché. En Grèce, comme dans tout l’Orient, le papyrus préparé d’Egypte