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celui du nouveau fut bien plus somptueux ; des corps de musiciens savamment organisés se relayèrent autour du sanctuaire ; les hymnes religieux se multiplièrent. Les Psaumes sont, pour la plupart, un produit de la piété de ce temps.

Il n’est pas douteux qu’à ce moment de restauration du culte hiérosolymite (516 avant J.-C), quelques additions sacerdotales aient été faites à la Thora. Nous avons vu que, dès l’époque antérieure à la captivité, il y eut certaines lois rituelles, certaines coutumes du temple déjà écrites. Vers le temps d’Ézéchiel, les esprits piétistes s’exercèrent, avec une suite singulière, à imaginer une liturgie aussi brillante qu’ils pouvaient la concevoir. Ces conceptions eurent sûrement la plus grande influence sur la restauration du culte. Plus d’un règlement liturgique put être fixé au moment même de la restauration. Cependant l’époque de Zorobabel et de Josué, fils de Josadak, fut si pauvre à tous les égards, les écrits d’Aggée et de Zacharie dénotent une si grande inhabileté à écrire, qu’on ne se sent pas porté à regarder ce moment comme celui où les lois sacerdotales et lévitiques furent en masse rédigées. Certes, si l’on voulait voir dans cette œuvre de rédaction la main du grand-prêtre Josué, on pourrait faire valoir autant d’argumens pour cette supposition que pour toute autre hypothèse. Mais autant la conjecture est légitime quand elle se fonde sur des indices, autant elle est oiseuse quand les données essentielles font défaut. Ces descriptions des habits sacerdotaux, par exemple, faites avec tant de soin, sont-elles l’ouvrage des rêveurs de l’école d’Ézéchiel, à qui il n’en coûtait rien de les faire magnifiques, ou bien des premiers colons, compagnons de Zorobabel, qui auraient consolé leur misère avec ces splendeurs imaginaires, ou bien sont-elles contemporaines des grandes cérémonies religieuses où se dépensa l’activité de Néhémie ? Il est difficile de le dire. Les tarifs des sacrifices, les prescriptions sur les états des femmes, les règles sur la pureté et l’impureté, sont aussi bien peu datés ; tout ce qu’on peut dire, c’est qu’ils appartiennent à un temps où déjà les soucis de casuistique étaient devenus dominans.

On peut rapporter au temps de la restauration du culte les titres relatifs aux fêtes et aux pèlerinages, dont le système est bien plus compliqué dans le code lévitique que dans le Deutéronome et même que dans Ézéchiel. Les sacrifices sont aussi l’objet de règlemens nouveaux. Ils ont des noms techniques ; les conditions rituelles en sont fixées dans les moindres détails. Ils cessent d’être des repas