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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 novembre.

C’est bien vraiment une comédie au complet qu’on nous donne depuis quelques jours au Palais-Bourbon : seulement la comédie n’est pas gaie ; elle n’est ni amusante ni tranquillisante, ni bien conçue, ni bien jouée. Elle se compose de toute sorte de scènes décousues, où figurent et passent de médiocres acteurs, comme dans ce qu’on appelait autrefois une pièce à tiroirs ; elle nous promène de surprise en surprise à travers les petits coups de théâtre, les intrigues, les changemens à vue, les fausses sorties ou les fausses rentrées, et, en fin de compte, il ne faut pas l’oublier, ce sont les intérêts les plus précieux du pays qui sont en jeu, qui font les frais de la représentation. Qui aurait jamais imaginé que les finances elles-mêmes pussent être mises en comédie ou en vaudeville ? C’est bien pourtant ce qui arrive dans cette discussion bizarre, fantasque, qui se déroule depuis quelques jours, où les votes se succèdent au hasard, où des députés, en belle humeur, taillent dans les administrations de l’état sans trop savoir ce qu’ils font, où le personnage le plus à plaindre, M. le ministre des finances, assiste assez mélancolique, plein de bonne volonté et d’impuissance, au bruyant