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lié d’amitié s’étaient heureusement dissipées, et il avait ajouté « qu’en présence des graves questions qui réclamaient une solution, son gouvernement consacrerait ses efforts à donner satisfaction d’un côté aux droits de ses sujets catholiques à sa sollicitude pour le maintien de la dignité et de l’indépendance du chef suprême de leur église, et de l’autre aux intérêts politiques de la Prusse et de l’Allemagne. »

Ces déclarations semblaient ne laisser que peu de doutes, malgré l’ambiguïté de la dernière phrase, sur le concours que nous prêterait le cabinet de Berlin au sein de la conférence et sur sa sollicitude pour le maintien du pouvoir temporel.

Aussi l’empereur, le surlendemain, à l’ouverture de la session législative, après quelques considérations consacrées à l’Italie[1], au prochain rapatriement de notre corps expéditionnaire et à la conférence, s’était-il efforcé, à son tour, d’accentuer la note pacifique et de combattre les inquiétudes qui s’étaient emparées de l’Europe : « Malgré les déclarations de mon gouvernement, qui n’a jamais varié dans son attitude pacifique, disait-il, on a répandu cette croyance que les modifications dans le régime intérieur de l’Allemagne devaient être une cause de conflit. Cet état d’incertitude ne saurait durer plus longtemps. Il faut accepter franchement les changemens survenus de l’autre côté du Rhin, proclamer que tant que nos intérêts et notre dignité ne seront pas menacés nous ne nous mêlerons pas des transformations qui s’opèrent par le vœu des peuples. Les inquiétudes qui se sont manifestées s’expliquent difficilement à une époque où la France a offert au monde le spectacle le plus imposant de paix et de conciliation. L’Exposition a disparu, mais son empreinte marquera profondément sur notre époque; car, si elle n’a brillé que d’un éclat momentané, elle a détruit pour toujours un passé de préjugés et d’erreurs. »

Il semblait après ces déclarations, réminiscences de la circulaire de La Valette, qui donnaient en quelque sorte carte blanche à la politique de la Prusse en Allemagne, que la France, désintéressée

  1. « La paix, que nous voulons tous, a semblé un instant en péril. Les agitations révolutionnaires, préparées au grand jour, menaçaient les états pontificaux. La convention du 15 septembre n’étant pas exécutée, j’ai dû envoyer de nouveau nos troupes à Rome et protéger le pouvoir du saint-siège en repoussant les envahisseurs. Notre conduite ne pouvait avoir rien d’hostile à l’indépendance de l’Italie, et cette nation, un instant surprise, n’a pas tardé à comprendre le danger que les manifestations révolutionnaires faisaient courir au principe monarchique. Le calme est aujourd’hui rétabli dans les états du pape, et nous pouvons calculer l’époque prochaine du rapatriement de notre corps expéditionnaire. Pour nous, la convention du 15 septembre existe tant qu’elle n’est pas remplacée par un nouvel acte international. Les rapports de l’Italie avec le saint-siège intéressent l’Europe entière, et nous avons proposé aux puissances de régler les rapports dans une conférence et de prévenir ainsi de nouvelles complications. »