Hamlet et la Tour de Nesle occupent en même temps les affiches : heureuse saison pour Dumas père !… Il s’agit, en effet, de son Hamlet, — à lui et à M. Paul Meurice. — Chacun sait, d’ailleurs, que Shakspeare est le Gaillardet de ce drame-ci : heureuse année pour Shakspeare ! Deux fois, à six mois d’intervalle, sur deux de nos principales scènes, il est glorifié dans le plus cher de ses ouvrages.
À la Porte Saint-Martin, au printemps, un caprice de Mme Sarah Bernhardt fait germer et fleurir une imitation nouvelle en vers, en onze tableaux, s’il vous plaît : — ohé ! Ducis ! — Et qui sont les auteurs ? Deux inconnus, un petit comédien et son camarade, M. Lucien Cressonnois et M. Charles Samson : Shakspeare, apparemment, n’a plus besoin d’être aidé ; loin de là, quelque main qui le touche, il lui communique sa force. Là-dessus, la Comédie-Française se pique au jeu : elle a déclaré déjà qu’elle jouerait, après les préparatifs convenables, ce même Hamlet, apporté jadis à Dumas par M. Paul Meurice, jeune poète, disposé par Dumas pour la lumière de notre rampe, patronné par lui… et refusé par qui ? Par la Comédie-Française, en 1846. Dumas, pour ne pas rester court au milieu de son compliment à Shakspeare, avait dû l’achever à la campagne : « Soyez le bienvenu, monsieur, dans Saint-Germain !… » un an après la représentation de gala donnée sur les planches de cette petite ville, l’auteur du Chevalier de Maison-Rouge avait usé de son crédit pour introduire Hamlet au Théâtre-Historique. Mais quarante années, ou presque, s’étaient écoulées avant que la Comédie-Française eût l’idée de se donner un démenti. Voici, à