l’Autriche maintint le Saint-Siège en bonne voie ; refus néanmoins du duc de Modène, dont nous ne fîmes que rire.
L’Espagne y mit plus de façons ; le roi permit à M. de Saint-Priest, ambassadeur de Charles X, de rester à Madrid à peu près en cette qualité, et de paraître à la cour la cocarde blanche à son chapeau. On ne se faisait pas faute d’annoncer que M. de Bourmont, le vainqueur d’Alger, tout frais échappé de sa conquête, viendrait planter le même drapeau au sommet des Pyrénées et que Mme la duchesse de Berry l’y rejoindrait en personne ; peu s’en fallut que le chétif tyran de l’Espagne, le restauré de notre restauration, n’y compromit sa frêle couronne.
Aux premiers accens de la Parisienne, en effet, toutes ses victimes, tous les exilés, tous les réfugiés de son pays étaient partis à toutes jambes pour la frontière afin d’y préparer une invasion à main armée ; les noms les plus illustres alors et depuis, Martinez de la Rosa, Torreno, San-Miguel, Isturitz, Valdes, Rivas, Mina, y prêtaient l’autorité de leur aveu et de leur personne. Ils avaient pour point d’appui un comité de patriotes français, sous le patronage semi-officiel de M. de La Fayette, et n’allaient à rien moins qu’à offrir la couronne d’Espagne au duc de Nemours (et voire celle de Portugal) en lui faisant épouser l’infante dona Maria.
Nous n’eûmes garde d’entrer dans ce jeu-là ; c’était, pour nous, bien assez du nôtre ; c’eût été, d’ailleurs, donner à nos principes de conduite le plus téméraire et le plus flagrant démenti. Le gouvernement se borna à fermer les yeux sur les allées et venues des réfugiés ; formés bientôt en petit corps sur la frontière, ils espéraient que leur présence suffirait à faire soulever la Biscaye et la Navarre ; mais rien ne bougea. Il suffit, néanmoins, de ces quelques menaces pour venir à bout du courage et de la générosité chevaleresque de Ferdinand VII. Il nous fit savoir qu’il était tout prêt à reconnaître le roi des Français et à dissoudre tout rassemblement légitimiste sur son territoire à charge de revanche ; plus de difficulté, dès lors, de notre part ni de la sienne ; il en coûta 100,000 francs au roi sur sa cassette personnelle pour dégager M. de La Fayette d’une promesse inconsidérée ; le peu d’efforts tentés par ces pauvres réfugiés n’eut aucune suite, ni même aucune chance. Il en eût peut-être été autrement si nous nous en étions mêlés pour tout de bon.
Tandis que le roi, de concert avec nous chétifs, s’appliquait ainsi à régler peu à peu la situation, deux énormes tuiles lui tombèrent tout à coup, et coup sur coup, sur la tête (je veux dire deux catastrophes) : l’une imprévue, l’autre par malheur facile à prévoir.
Le 27 août, quinze jours après le 11, c’est-à-dire après l’avènement de la royauté nouvelle, le dernier des Condé, le duc de