Campos. M. Sagasta est dans une situation d’autant plus critique que déjà, il y a peu d’années, les agitateurs ont profité de sa présence au pouvoir, de sa tolérance, pour tenter une insurrection militaire comme celle du 19 septembre. Aujourd’hui la situation est encore plus grave avec une régence, et la première condition est de mettre hors de toute atteinte cette monarchie nouvelle que le président du conseil lui-même a appelée plus d’une fois la garantie des libertés de l’Espagne.
CH. DE MAZADE.
Les affaires avaient été assez actives dans la première partie du mois. Il en a été tout autrement dans la seconde. Toute animation a disparu, au moins sur le marché à terme des fonds français. Alors qu’on s’attendait à une continuation de la hausse, on a vu les cours se tasser lentement et reculer finalement de quelques centimes.
La principale raison de ce mouvement a été la crainte de grosses livraisons de titres en liquidation, dans le cas où les banquiers, qui sont à la fois vendeurs de 3 pour 100 et détenteurs de titres d’emprunt pris à la souscription, pourraient livrer les titres nouveaux libérés par anticipation, et se trouver ainsi liquidés. Mais il y a bien des raisons de croire que les livraisons de titres si redoutées resteront en-deçà de l’importance qu’on leur a attribuée depuis quinze jours.
Une autre cause a empêché le développement de la hausse sur nos fonds publics : la reprise des travaux de la commission du budget.
On oubliait volontiers, depuis quelques mois, que la France se trouvait au régime du déficit, et que la situation commandait absolument des mesures énergiques. M. Sadi-Carnot n’avait d’ailleurs à présenter à la commission que son ancien projet de budget, allégé de la partie concernant l’emprunt effectué au printemps.
Il proposait un nouvel emprunt, c’est-à-dire la conversion de 466 millions d’obligations sexennaires en rente 3 pour 100 et une augmentation des charges des contribuables sous la forme d’une surtaxe de l’alcool. Il se faisait fort, avec ces deux mesures, de supprimer le budget extraordinaire et d’équilibrer dans le budget ordinaire, devenu le budget sans épithète, les recettes et les dépenses.