s’il cherchait à reconquérir une place dans la vie publique, c’était par l’élection, par la lutte contre les candidats officiels dans la Gironde. A défaut de l’action régulière et des postes publics pour lesquels il était fait, il ne cessait pas d’être un serviteur du pays en disponibilité, vivement engagé dans l’opposition libérale qui se formait sous l’empire, s’affermissant dans ses goûts pour le régime parlementaire et pour un gouvernement éclairé, trouvant peut-être parfois les années un peu longues.
Ce n’est qu’au lendemain des grandes catastrophes de 1870 que, naturel ornent désigné par son nom, par ses opinions, le duc de Glucksberg, devenu duc Decazes par la mort de son père, était rappelé à la vie publique et se trouvait un des premiers élus de la Gironde à l’assemblée nationale de 1871. Il entrait dans l’action avec la maturité que donnent les années et le spectacle des choses, avec le sentiment profond des malheurs publics et de la situation cruelle faite à la France, avec un esprit éclairé et sagace. Le duc Decazes, pour tout dire, se montrait en toute occasion et restait dans l’assemblée nouvelle appelée à une œuvre réparatrice un conservateur libéral, préoccupé d’épargner au pays de nouveaux conflits et des crises qui pouvaient être mortelles, éloigné par tempérament et par instinct des partis extrêmes. Il sentait surtout, après les sérieuses épreuves qui venaient d’accabler la France, le prix de la modération, et il ne reculait pas, au besoin, devant les transactions dont les circonstances pouvaient faire une nécessité : témoin son vote pour la constitution qui dure encore. C’était un conseiller discret et prudent, qui voyait la politique moins en théoricien ou en philosophe qu’en esprit pratique et avisé. Mais c’est surtout au ministère des affaires étrangères, qu’il a occupé pendant quatre ans sous le consulat du maréchal de Mac-Mahon, de 1873 à 1877, c’est là qu’il donnait la mesure de son aptitude et de ses talens. Appelé à la direction de notre diplomatie dans des circonstances qui n’avaient pas cessé d’être critiques, le duc Decazes a su se faire sa place et, pour ainsi dire, son originalité de ministre des affaires étrangères par sa souple habileté. L’expérience qu’il avait acquise dans sa jeunesse, ses relations mondaines et diplomatiques, la dignité simple et aisée de ses manières, la modération de son esprit, tout le servait dans son œuvre, aussi délicate que compliquée. Il mettait une dextérité singulière à atténuer ou à prévenir les incidens, à dénouer ou à tourner les difficultés, et, pendant ses quatre années de ministère, les difficultés, certes, ne manquaient pas : elles se succédaient du côté de l’Espagne et de l’Italie, au midi et au nord.
Un jour surtout, en 1875, ce n’était plus un simple incident : il s’agissait ni plus ni moins de la perspective d’une nouvelle prise d’armes de l’Allemagne contre la France, que les politiques belliqueux de Berlin jugeaient trop prompte à se relever de ses désastres. Le duc Decazes