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aujourd’hui du chiffre de 2 milliards 1/2. Au 1er avril dernier, 1,200 millions étaient représentés par du 3 pour 100 amortissable, et 600 millions par des obligations de diverse nature et de diverses échéances ; il est presque superflu de faire observer que les 350 millions en 3 pour 100 perpétuel qui ont été remis à la caisse des dépôts et consignations ne constituent qu’une consolidation fictive, comme celle qui a été opérée au moyen du 3 pour 100 amortissable : seulement ces rentes sont d’une négociation plus facile. Il sera moins malaisé de les faire accepter par les déposans ou d’en tirer parti à la Bourse, le jour où la caisse se trouverait dans la nécessité de se procurer des fonds ; mais la totalité des 2 milliards 1/2 n’en demeure pas moins constamment exigible. C’est une perspective des plus inquiétantes dans le cas d’une panique ou de quelque calamité intérieure. Le retour de la sécurité est au prix d’une réforme qui ramènerait-à bref délai de 2,000 francs à 1,000 le maximum des dépôts ; mais cette réforme ne pourrait s’accomplir qu’au moyen d’un emprunt considérable ou en mettant sur le marché les titres délivrés à la caisse des dépôts. Peut-on y songer, lorsque déjà il faut prévoir un nouvel emprunt d’un demi-milliard si MM. de Freycinet et Sadi-Carnot poursuivent l’exécution de leur plan de finances ? D’un outre côté, l’abandon de ce plan entraînerait le maintien du budget extraordinaire, la continuation du système des emprunts annuels et le développement indéfini de la dette publique. Dans aucun cas, il n’est possible d’espérer la fermeture du grand-livre.

Il est indispensable cependant de s’arrêter sur cette pente funeste, au bout de laquelle on rencontrerait inévitablement la banqueroute. Pendant que l’état, outre une dépense annuelle de plus de 3 milliards, s’obérait de 5 milliards en huit années et contractait des engagemens pour 4 autres milliards, les départemens et les villes, entraînés dans la même voie de dépenses exagérées et d’abus du crédit, se sont endettés de plus de 1,800 millions.

En 1883, cinquante-trois départemens étaient en déficit et ne pouvaient plus aligner leurs recettes et leurs dépenses qu’à l’aide des fonds de subvention qui leur étaient alloués sur les ressources du budget général. La situation des communes n’est pas plus satisfaisante : de 1881 à 1884, le nombre des centimes additionnels s’est accru de 97,000. Le ministère de l’intérieur fait distribuer aux membres des conseils généraux un tableau résumant la situation budgétaire des communes de leur département ; mais il est extrêmement malaisé de se procurer la collection de ces tableaux départementaux, réunie en un volume. Les députés ne sauraient pourtant faire une étude plus utile que la lecture de ce volume. Ils y