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le gouvernement aurait reçu plus que la somme dont il se serait reconnu débiteur : en empruntant, au contraire, en 3 pour 100, il s’est reconnu débiteur de 1,125 millions, alors qu’il n’en recevait que 900, et la charge assumée par lui n’est pas susceptible d’allégement, puisque nul n’entrevoit la possibilité d’une conversion du 3 pour 100, s’il devient un jour l’unique fonds français. L’argument qu’on invoqua contre le 4 pour 100 fut que les arrérages à servir seraient un peu plus forts, vu le taux élevé auquel on espérait négocier du 3 pour 100, et que la compensation à provenir d’une conversion ultérieure du 4 en 3 1/2 était problématique et en tout cas fort lointaine. Les calculs qui furent présentés à la chambre, à ce sujet, n’étaient pas rigoureusement exacts, parce que les partisans du 3 perdaient de vue que les 400 millions destinés à la caisse des dépôts et consignations devaient lui être délivrés sur le pied d’un revenu net de 4 pour 100. On aurait donc dû raisonner sur 900 millions d’une part et sur 500 millions de l’autre. La véritable raison qui détermina le gouvernement fut la préférence marquée que le public de la Bourse témoigna pour le 3 pour 100 perpétuel, et que les journaux financiers exprimèrent avec une insistance extrême et presque comminatoire.

Le ministre des finances en reçut une très vive impression, et il ne s’en cacha ni au sein de la commission du budget ni devant le parlement. « Le type du 3 pour 100 amortissable, dit le rapport de M. Wilson, a été abandonné devant la déclaration du gouvernement qu’il ne prendrait pas, en ce moment, la responsabilité d’une émission publique faite autrement qu’en 3 pour 100 perpétuel. » D’après le rapport, le ministre aurait repoussé avec la même énergie le type de l’amortissable pour les rentes à remettre à la caisse des dépôts et consignations ; il aurait donné à entendre que les 1,200 millions remis à cette caisse, en exécution de la loi du 30 décembre 1882, constituaient pour elle un fardeau qu’il était impossible d’aggraver. Le rapporteur de la commission n’hésitait pas à s’associer à cette condamnation de l’amortissable. « En 3 pour 100 perpétuel, disait-il, l’état aurait, au moment de l’émission, un bénéfice immédiat, l’infériorité de l’amortissable, comme parité de cours, ne permettant pas d’emprunter, sous cette forme, d’une façon aussi avantageuse. » Il y avait donc, à la fois, bénéfice sur le capital emprunté et allégement de charge par la disparition de la prime de remboursement, qui pouvait être remplacée par un amortissement direct. Le rapporteur constatait, enfin, que les préférences de la spéculation et de l’épargne n’étaient pas douteuses. Nous qui avons fait, ici même, la critique de l’amortissable, au temps de son éphémère faveur, nous n’avons rien à objecter à cette condamnation ; mais combien elle était inattendue dans la bouche du ministre qui, en juillet 1885,