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l’instrument qui avait servi à le faire fonctionner ; il remboursait toutes les obligations sexennaires en circulation, et il spécifiait qu’à l’avenir ces obligations seraient exclusivement réservées pour le compte des garanties. Enfin, comme pour achever de rendre impossible la résurrection du budget extraordinaire, il supprimait de crédit qui en était le palliatif, les 100 millions affectés annuellement au remboursement d’une partie des obligations. Or, il était manifeste que le cadre du budget ordinaire, limité par les recettes présumées, était trop étroit pour se prêter à ces largesses envers les départemens et il les communes que chacun des renouvellemens de la chambre a ramenées sous la forme de travaux ou de subventions, et qui sont le levier électoral le plus puissant. Nombre de députés croyaient donc leur l’amour-propre et leur intérêt engagés dans le maintien du budget extraordinaire. La commission de la chambre s’autorisa de la demande d’urgence formulée par le gouvernement en faveur du projet relatif à l’emprunt et, prétextant qu’elle ne voulait pas retarder la décision du parlement et que le temps lui manquait pour examiner le budget, elle décida de retrancher du projet de loi toutes les dispositions qui touchaient de près ou de loin à la future loi de finances. « La partie du projet du gouvernement, disait le rapport de M. Wilson, concernant la conversion en restes 3 pour 100 des obligations à court terme déjà émises, a paru à votre commission devoir être réservée jusqu’au jour où elle pourra vous soumettre des conclusions définitives sur l’équilibre du prochain budget. La conversion de ces 466 millions d’obligations sexennaires se lie dans la pensée du gouvernement à l’incorporation au budget ordinaire des crédits portés jusqu’alors au budget, sur ressources extraordinaires des travaux publics : elle se lie également à la suppression de la réserve de 100 millions inscrite dans les précédens budgets pour amortir les obligations sexennaires. Ces diverses opérations ont semblé à votre commission préjuger les solutions à intervenir pour l’établissement du budget de 1887 : elle a cru préférable d’ajourner l’examen de cette conversion jusqu’au moment de la discussion de ce budget… Votre commission ayant admis en principe qu’elle ne devait maintenir dans le projet aucune des propositions du gouvernement dont la solution semble liée à l’équilibre du budget de 1887, devait également retirer de l’emprunt les sommes destinées à réaliser les modifications proposées au service des trésoriers généraux. Elle a donc fait disparaître du projet la somme de 100 millions destinée au remboursement des avances de ces comptables. » La commission du budget ajournait donc toutes les solutions qui lui déplaisaient : elle ne voulait pas refuser au gouvernement les moyens de trésorerie dont il avait besoin ; mais elle