à Wickham, qui le pressait de se mettre en route, il opposait et multipliait les objections. Tandis que Willot, d’accord avec Wickham et Pichegru, estimait, contrairement à l’avis d’abord exprimé par le roi, que l’insurrection ne devait arborer le drapeau royaliste qu’après la victoire et que, jusque-là, elle ne devait pas prendre le caractère d’un soulèvement contre la république; tandis qu’il se faisait autoriser sur ce point à agir à son gré, Précy ne voulait marcher que si le roi était avant tout reconnu. Vainement Wickham invoquait les motifs qui empêchaient son gouvernement de prendre l’initiative de cette reconnaissance ; Précy n’en démordait pas. En outre, il exigeait du roi des ordres plus positifs que ceux qu’il avait reçus ; il mettait à son concours deux conditions : la première qu’il n’entrerait en France que derrière les Autrichiens, la seconde qu’il ne se porterait en avant qu’après que Willot aurait obtenu des succès.
Ses exigences devenaient telles que Wickham songea à se passer de lui. Willot, consulté, donna à entendre qu’on n’avait pas besoin de Précy pour acheter le général Moncey, qui commandait à Lyon. « Avec quinze mille louis, dit-il, on aura le général et la garnison. » Quand Précy eut acquis la certitude qu’on se résignait à agir sans son concours, il se ravisa, se déclara prêt à partir. Mais il perdit encore un temps précieux et, les événemens marchant plus vite que lui, il fut définitivement réduit à l’impuissance.
D’autre part, la question de la reconnaissance du roi déchaînait un conflit plus grave encore entre les membres mêmes de l’agence. Les uns voulaient que tout se fît au nom de Louis XVIII, les autres qu’on se présentât comme un parti de mécontens. L’ardent président de Vezet ne prétendait à rien moins qu’au rétablissement des anciennes institutions. Il blâmait le choix que le roi avait fait de Cazalès pour remplacer éventuellement d’André comme commissaire civil dans le Midi. « Je n’entrerai pas en relations avec lui s’il reste à Londres, disait-il. Ce n’est pas qu’il soit indigne de confiance: mais je me défie des bavardages. » Ainsi entre les émigrés éclataient une fois de plus, en des circonstances quasi-tragiques, les divisions, les rivalités, les haines qui tant de fois avaient compromis leur cause. Il est vrai de dire, en ce qui touche Vezet, que ses objections n’étaient qu’une forme de sa défiance pour les tentatives qui se préparaient. « Je n’ose me flatter encore de l’exécution de ce plan, écrivait-il le 16 février. Depuis six ans, j’ai vu tant de beaux plans adoptés, faiblement soutenus, et je les ai tous vus abandonnés successivement. »
Quant à Willot, malgré les obstacles accumulés sur son chemin, il ne se décourageait pas. Loin de se décourager, il parlait tout haut de ses projets, de ses préparatifs, de son prochain départ, poussait