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Il s’étonnait de même de l’indifférence des Anglais à son égard. Le colonel Anstrutter, envoyé par eux au prince de Hesse, afin de conférer avec lui, était reparti après un séjour de trois mois en Danemark et en Allemagne. Rentré à Londres en février, il n’avait plus donné de ses nouvelles. En fait, la négociation était donc suspendue. La confiance de Dumouriez dans l’efficacité de ses projets ne s’était pas affaiblie pour cela. Mais il se demandait s’ils se réaliseraient jamais. C’est alors que lui fut fournie l’occasion de se rattacher à une combinaison nouvelle pour laquelle il s’enthousiasma comme il avait fait pour la première.

Toujours désireux de secouer la domination française, les Belges attendaient en vain les effets des promesses faites à leurs députés par le cabinet de Saint-James au commencement de 1798. On leur avait alors promis des munitions, des armes, un corps de troupes fourni par la Prusse, la coopération des mécontens de Hollande. Aucun de ces engagemens n’était encore exécuté. Tout l’effort des Anglais semblait acquis aux Hollandais. Ils préparaient une expédition destinée à délivrer les Pays-Bas. Un corps de 23,000 hommes devait se porter sur la Hollande, y être rejoint par 17,000 Russes. Cette armée, sous le commandement du duc d’York, avait pour objectif l’expulsion des Français. Irrités et déçus, se croyant abandonnés, les Belges songeaient maintenant à agir par eux-mêmes. Pour les commander, ils avaient depuis longtemps jeté les yeux sur Dumouriez, dont la gloire s’était élevée sur leur sol conquis et asservi. Ils lui firent demander de nouveau s’il consentirait à se mettre à la tête de l’insurrection.

Dumouriez, surpris par cette démarche, n’y répondit pas sur-le-champ. Il cherchait à gagner du temps. Mais il en donna connaissance à Fonbrune. Ce dernier n’avait cessé de plaider à Hambourg, auprès de Thauvenay, la cause de Dumouriez, de supplier le roi de ne pas décliner les offres du général. Il avait fait également connaître à Saint-Pétersbourg que Dumouriez était l’auteur de plans grandioses dont l’exécution hâterait la fin des malheurs déchaînés sur l’Europe par la révolution. La démarche des Belges devint sous sa plume un thème facile sur lequel il renouvela les sollicitations qu’il avait adressées à Thauvenay pour être transmises à Mitau. De son côté, Dumouriez se décida à écrire à Saint-Priest[1].

Soit que ses projets eussent été jugés efficaces, soit qu’on craignît de le rebuter, il obtint une réponse. Elle porte la date du 11 juin 1799 et la signature du comte de Saint-Priest. En voici le texte :

  1. Cette lettre ne se trouve pas parmi les documens qu’il nous a été donné de consulter.