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LA
SITUATION FINANCIERE
DE LA FRANCE

I.
LA DESORGANISATION DES FINANCES, — LES DEFICITS.


I.

La rapidité avec laquelle la France s’est relevée des désastres de 1870 a été pour l’Europe un légitime sujet de surprise. Jamais nation n’avait encore donné de pareilles preuves de vitalité : on a pu croire un instant que l’exemple des États-Unis, si merveilleux pourtant, allait être dépassé. Toutes les ruines laissées par l’invasion avaient été relevées, l’industrie et le commerce avaient repris leur essor, et, après le paiement d’une rançon colossale, la France se retrouvait debout avec des finances en bon état. Lorsque l’assemblée nationale de 1871, qui avait si patriotiquement travaillé au relèvement du pays et à qui l’on ne peut adresser d’autre reproche que de s’être arrogé un mandat constituant qu’elle n’avait pas reçu des électeurs, prononça sa propre dissolution, le budget de 1876 pourvoyait largement à toutes les charges ordinaires et aux charges nouvelles léguées par la guerre; il consacrait 150 millions à l’amortissement, il affectait 146 millions aux travaux publics en sus des dépenses d’entretien, et il se soldait encore par un excédent de recettes de 95 millions. Les budgets de 1877 et de 1878 donnèrent