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roi d’Espagne pour l’archiduc. Kaunitz plaida de nouveau la cause de la conciliation : à son sens, le traité serait acceptable s’il accordait le Milanais à l’Autriche ; ne pourrait-on essayer d’échanger cette province contre la Belgique en donnant la Belgique au duc de Lorraine ? On commencerait par offrir les Indes à la France, mais il faudrait auparavant solliciter l’agrément du roi d’Espagne. Kaunitz se trompait s’il croyait encore une entente directe avec la France possible : le moment était passé; tant que Louis XIV n’était pas officiellement engagé avec les puissances maritimes, il pouvait se prêter à des négociations séparées ; il les aurait certainement acceptées si elles lui avaient été alors franchement offertes; mais, à l’heure présente, lié par un traité solennel, il ne pouvait plus écouter de propositions secrètes. Quant à l’offre des Indes, elle ne pouvait être sérieusement faite : le conseil n’ignorait pas que Portland avait déclaré qu’il se laisserait plutôt « couper les mains » que de signer une pareille clause. Un membre fit observer que la France ne saurait accepter les Indes sans s’exposer à une guerre interminable, bellum perpetuum, avec l’Angleterre et la Hollande, et qu’elle ne consentirait à les recevoir que si l’empereur lui promettait son assistance militaire. Malgré cette objection décisive, à cause d’elle peut-être, il fut décidé qu’on essayerait d’amener la France à une entente secrète et qu’on lui offrirait les Indes. Le sens de cette décision ressort des discussions qui l’avaient précédée; elle n’avait d’autre but, selon l’expression de Sinzendorf, que d’allécher la France et de l’entraîner à des démarches capables de la brouiller avec ses alliés. En même temps, des lettres pressantes furent adressées en Espagne, au roi, à la reine, pour protester de l’indignation de l’empereur, pour affirmer sa volonté de maintenir l’intégrité de la monarchie, pour solliciter de « mâles résolutions. »

A la suite de la décision prise, Harrach et Kaunitz vinrent mystérieusement, le 14 juin, lire à Villars deux mémoires : l’un ostensible, dans lequel ils discutaient les termes du traité, et donnaient des assurances banales de leur désir de s’entendre avec la France ; l’autre confidentiel, dans lequel il était dit que l’empereur ne pouvait admettre l’ingérence des puissances tierces dans une question qui ne relevait d’elles à aucun titre, mais qu’il était disposé à s’entendre directement et secrètement avec le roi de France. Si le roi entrait dans cette vue, des pleins pouvoirs pourraient être envoyés soit à Vienne, soit à Paris ; le traité secret une fois conclu, l’empereur accéderait pour la forme au traité de partage, mais il serait bien entendu qu’à la mort du roi d’Espagne le traité secret serait seul exécuté. En même temps, Sinzendorf se rendait chez Torcy et lui offrait de traiter soit en acceptant le Luxembourg à la place