Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 77.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La révolution bulgare a enrayé le mouvement de reprise qui se dessinait avec une certaine vivacité sur nos fonds publics et commençait même à s’étendre à un certain nombre de valeurs.

Non pas que cette tendance nouvelle à la hausse se fût traduite par un déplacement de cours bien sensible. Du samedi 14 au samedi 21, le 3 pour 100 avait gagné 0 fr. 25, passant de 82.95 à 83.20; les autres rentes avaient suivi, la plus favorisée étant le 3 pour 100 nouveau, qui de 82.20 avait été porté à 82.57. On pouvait espérer qu’on n’en resterait pas là et que le 3 pour 100 en liquidation atteindrait au moins 83.50. Mais, dimanche dernier, on apprenait subitement la nouvelle du coup d’état de Sofia, l’arrestation et l’abdication du prince Alexandre, et l’on se demandait lundi matin avec inquiétude quelles complications allaient surgir encore dans la péninsule des Balkans, plus ou moins menaçantes pour le maintien de la paix.

Nos fonds publics baissèrent de 0 fr. 35 environ, mais la réaction était plus vive sur les fonds étrangers, le Hongrois, l’Italien, le Turc, même l’Unifiée d’Egypte. On sait que toutes ces valeurs ont été depuis deux mois constamment poussées en hausse par la spéculation de Vienne et de Berlin, qui avaient eu le courage d’escompter les heureux résultats des conférences de Kissingen et de Gastein.

Il ne restait plus à cette spéculation qu’à recueillir les fruits de ses calculs justifiés par l’événement, opération toujours délicate; car s’il est facile avec un peu d’audace d’obtenir d’importantes plus-values de cours sur des fonds d’état qui se négocient sur plusieurs places et se prêtent admirablement aux plus ingénieuses combinaisons de l’arbitrage, la difficulté apparaît au moment où il s’agit de réaliser, de transformer en gains effectifs les bénéfices reposant sur la différence des cours, c’est-à-dire de faire passer sur les épaules du public le fardeau dont on s’était provisoirement chargé.

Déjà, depuis quelque temps, il était assez visible que les spéculateurs qui avaient porté le Hongrois à 87 francs, l’Italien à 100.50 et l’Unifiée à 375, cherchaient beaucoup moins à surélever encore ces