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bien serré, à la seconde dont les composans ne sont réunis que par un lien assez lâche.

Dans la seconde famille trouvent place, en premier lieu, le magnésium et la triade calcium-strontium-baryum ; tous sont placés sur des arcs descendans, et, en second lieu, le zinc, le cadmium, le mercure, qui se trouvent être figurés sur des lignes ascendantes. Ordre homogène dans son ensemble. Les deux groupes sont fort voisins l’un de l’autre.

À l’exception du bore et de l’aluminium, la division suivante ne contient que des matières rares, sans importance, et encore incomplètement étudiées. Le quatrième ordre comprend le carbone, le silicium, le titane, le zirconium, ce qui est parfait ; mais il associe ensemble l’étain et le plomb, ce qui est moins heureux. Mendeléjef constitue une cinquième classe avec quelques corps sans intérêt accolés à l’azote, au phosphore, à l’arsenic, à l’antimoine, au bismuth. L’oxygène et le soufre prennent place dans la sixième famille, non loin du chrome, rapprochement quelque peu forcé. Le chimiste russe dispose d’une septième famille pour y placer le groupe des substances halogènes (fluor, chlore, brome, iode) près du manganèse, dont les affinités avec ces métalloïdes ne sautent pas aux yeux. Enfin viennent s’aligner dans la huitième et dernière tribu le fer, le cobalt, le nickel, le platine et les métaux dits « de la mine de platine » c’est-à-dire associés dans la nature avec ce métal précieux, qu’ils rappellent d’ailleurs beaucoup par l’ensemble de leurs caractères.

Nous n’avons nullement cherché, comme le lecteur a dû s’en apercevoir, à cacher les défauts que présente cette classification. Sans doute les anomalies sont assez nombreuses, sinon très graves. Mais les découvertes du scandium et du gallium, venant si heureusement s’intercaler aux places vides qui leur avaient été réservées d’avance, alors que tous deux n’étaient que des matières hypothétiques nommées ékabore et ékaluminîum, autorisent à penser que bien des imperfections qui choquent un esprit absolu disparaîtront bientôt d’elles-mêmes[1]. Sans parler de découvertes éventuelles d’élémens nouveaux, beaucoup de corps simples anciens n’ont pas été isolés à l’état de pureté complète : on ne peut donc rien conclure au sujet de leurs principales propriétés et surtout relativement à leur densité. Il faut aussi attendre patiemment que l’expérience ait rendu son verdict définitif au sujet de plusieurs

  1. Il paraît que le germanium de Winckler ne serait autre que l’ékasilicium pressenti par M. Mendeléjef, dont les théories se trouveraient confirmées une troisième fois.